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vendredi 25 novembre 2011

Fourches linguistiques #1 : Pardon my french...

Dans ma courte vie, j'ai eu le privilège de déjà pas mal voyager. Et comme je fais tout dans la mesure, je suis allée soit plutôt près ( la France, l'Europe..), soit trèèès très loin dans le lointain (l'Australie...). Mais jamais entre les deux genre je sais pas moi... New York, ou bien la Russie, ou l'Asie... Donc je parle plutôt bien l'anglais en fait... sans me vanter trop...

*mais un peu quand même parce que bon, faut dire ce qui est, on ne cesse de me complimenter à ce sujet. Et au sujet de mes chaussures aussi*.

La première fois que je suis allée en Australie, c'était en 2007 pour 4 semaines en septembre. J'y allais pour : primo, m'éclater la quiche ; deuxio : découvrir un peu ce fantastique pays qui me fait rêver depuis la nuit de mon temps ; tertio : faire des recherches pour mon mémoire de master d'architecte.
Et à l'époque, même si mon anglais n'était pas trop dégueu, il était pas non plus au top de ce qu'il est aujourd'hui.

*Par contre, ma collec' de chaussures déchirait déjà pas mal de sa mère*.

Me voilà donc, jeune frenchy so romantiquette, fraîche comme la rose de l'avant veille qui vient de passer 48h sans se doutcher après un vol Paris-Hong-Kong de 12 heures, une escale de 18 heures à Hong-Kong et un vol Hong-Kong-Sydney de 9h.

*Je sais pas pourquoi, je me suis dit qu'une escale à Hong-Kong valait la peine que j'y reste suffisamment longtemps pour aller visiter un peu. Habillée comme pour prendre l'avion (c'est à dire que tu t'attends à avoir froid) alors qu'à Hong-Kong, il faisait une chaleur à creuver et une humidité ambiante me faisant plus ressembler à Diana Ross dans son clip de "my old piano" qu'à Joey Potter dans dawson's creek saison 4*.

C'est comme ça, parfois, tu penses avoir de bonnes idées, et tu te foires complètement. Mais ça m'a permis de m'acheter une paire de tongs birkenstruc à pas cher ! Mais ça, c'est une autre histoire...

Arrivée à bon port dans mon appart en collocation et après un peu de repos et une bonne douche, me voilà fin prête à affronter Sydney !

Ha merde... faut d'abord faire connaissance avec les collocs... Il y avait une brésilienne (Manoela), une coréenne (Min Hee) et le propriétaire des lieux, australien pure soutche, prénomé Adam. Les présentations se passent à merveille selon mon souvenir (qui n'est absolument pas fiable vu le jet lag que je me tapais de plein fouet). Nous avons tous à peu près le même âge et sommes tous d'horizon différents, ce qui facilite grandement la sociabilisation. Et puis je sais pas vous, mais moi j'ai jamais eu de mal à sociabiliser en anglais... Je sais pas pourquoi. Alors qu'en français, je suis une vraie quiche ; pas moyen de me faire sortir un mot si j'ai pô envie.

*Quant à un mot gentil en plus alors là, tu peux te brosser martine !*

Manoela et Min Hee sont encore étudiantes et travaillent comme nounou/serveuses à côté et Adam travaille dans une banque. Et tout le monde aime la bière !

Ha mais si, je sais pourquoi je suis vachement plus sociable en aglais qu'en français : c'est à cause du narcissisme ! C'est très simple à comprendre : quand tu parles français à un français, c'est comme dans le petit prince : tu n'es qu'une rose semblable à mille autres roses. Quand tu parles parisien à un parisien, c'est comme sur les trottoirs de Toulouse : t'es un ptit caca parmis mille autres ptits cacas. Quand tu parles francais du sud à un parisien, tu es une bouffée de fraîcheur de vacances pittoresque qu'on tapote gentilment du plat de la main.
Mais quand tu parles anglais à un anglophone, tu es la 8ème merveille du monde. Sans déconner, tu vois les yeux de ton interlocuteur qui brillent, parfum de vanille. Et plus tu as un accent français à couper aux couteaux, plus l'interlocuteur approche le 7ème ciel. Et on t'insulte aussi, mais c'est pas contre toi. Quoi qu'il se passe, si on te traite de connasse, c'est affectif. Ça pourrait se décomposer comme suit :
-"èskiouzmi, keanu tailmi ouèriz oxford strite pliz ? (ouais, comme Keanu Reeves prononcé à la française : kèniou, sauf si tu fais partie de ces rares personnes qui savent que Keanu se prononce : Ki_a_nou)
- Hey, you're french aren't you mate ? (bim, sourire ébahi de l'archéologue qui a découvert la momie du chat de toutankamon)
- huhu iès aïam (mais sans danser le mia)
- Eulâlâ, pioutan d'mewd ! va tiou faiw ankiouley ! HAHAHA"
Une fois que t'as compris ça, t'es good to go et subitement, te faire insulter te passe complètement au dessus.

*Alors que tu peux pas t'empêcher de répondre par un gros "vatfairfoutrConnard" au premier mec qui t'insultes dans la rue parce que tu lui as pas roulé une pelle quand il t'as sifflé en te disant que t'as de beaux yeux. Cherchez pas les gars, y'a que dans Quai des brumes que ça marche ça*

Mais je m'égare... Reprenons à avant le flash forward (ben oui parce que dans le déroulement de l'histoire, j'en étais à quand je viens juste d'arriver à l'appartement et être introduite auprès des mes collocs pour un mois, alors que le coup des insultes, dans les faits, ça s'est passé quelques jours après dans un pub un soir. Mais ça, c'est une autre histoire.).

Je passe le premier jour à faire un petit tour du quartier avec mes collocs filles et à approvisionner mon étagère dans le frigo et dans le placard. Puis nous descendons à la plage (parce que ouais, j'avais trouvé une chambre dans un appart à 10 minutes à pieds de Brontee Beach, laisse tomber comment c'était ouf , va voir sur GoogleMaps, fait péter la vue satellite, tu vas pleurer !).

Puis vient l'heure du dîner (18h... heu.. vous êtes sûrs là les gars ?!), Adam rentre du travail et se met à cuisiner. En l'honneur de mon arrivée, il a préparé un petit repas spécial (ouais, les australiens sont justes TROP GENTILS  !). Il se met donc en tenue et va s'affairer dans la cuisine. Au bout d'une grosse demie heure, il vient me rejoindre dans le salon avec une grosse assiette de brocolis vapeur. Moi j'étais devant la télé, à avaler tout ce que je pouvais comme images et mots australiens de ce pays qui me fascine depuis la nuit de mon temps. 'Tain, c'est fou le nombre de coupures pub qu'ils font les mecs de la télé australienne...

-"hey, diner's ready, let's wait for the girls shall we ?"

Je lève les yeux de la télé.
je regarde le mur au dessus de la télé en me concentrant vraiment pour savoir si cette phrase est sortie de la télé, de ma tête, ou de la bouche d'adam.

*huhu, nan, de la pomme d'adam HAHAHA.. pardon...*

je regarde à droite vers Adam et constate à son air ravi et son assiette de brocoli que c'est bien lui aui à dit ça et que ce n'est donc pas le fruit (défendu HAHA... pardon...) de mon imagination.

*Nan mais aussi, avec un prénom pareil, comment veux-tu ne pas penser à ce genre de vannes pourries ?!*

je fige ma tête en direction d'Adam qui attend patiemment que j'accouche de ma phrase (ouais, il est compatissant du jet lag Adam).

-"hum... is this what we are going to eat tonight ?
- That ? nAaaah, it's just for me, you know, i like to eat healthy mate, no junk food and all that shit !"

(Ceci est une blague par anticipation que tu peux pas comprendre parce que tu n'étais pas avec moi mais pour te la faire courte, plus tard, au cours du dîner, Adam mangera des tas de trucs pas healthy du tout... j'ai jamais trop compris le principe de l'assiette de brocolis, et du manger healthy à 19h si c'est pour t'empifrer de chesseceake, de chips au dips et de fried fish à 20h30...).

Enfin bref, Adam finit ses brocolis et m'annonce qu'il va faire une washing machine. Il sort de la pièce. Je regarde le mur au dessus de la télé. Min Hee rentre de son job de nanny, traverse vite fait le salon pour aller se rafraîchir et me dit qu'elle sera prête pour le dîner dans un quart d'heure. Je regarde le mur au dessus de la télé. Il était beige. J'étais vraiment en plein jet lag... ce qui explique le quiproquo dramatique qui va survenir dans quelques minutes...

Adam revient de la laundry room et me dit :
-" hey mate, i'm back. Are the girls home yet ?
- ...
- hum... Jane, are you ok ? you keep staring at the wall...

*the wall/we don't need no education/avec les marteaux qui marchent ???*

- yeah, i'm fine i'm just... hum sorry ! heu... actually Manoela didn't make it home and Min Hee just past away through the living room...
- WHAT DID YOU SAY ???"

Vu sa tête, j'ai tenté de concentrer mes neuronnes français sur le time zone australien. Et là, j'ai réalisé ce que je venais de lui dire. En français dans le texte, ça fait :

- "salut mec (ouais, je sais, je suis une fille mais je trouve pas d'équivalent féminin plus probant pour mate), je suis de retour ! les filles sont revenues ?
- ...
- ... heu... Jane (non, je m'appelle pas Jeanne, je m'appelle Jane pour de vrai !)
ça va ? t'arrête pas de fixer le mur...

*le truc avec the wall/we don't need no education, c'est que ça marche qu'en VO...*

- oui ça va, chuis juste...heu... désolée ! heu... en fait Manuela ne reviendra plus jamais à la maison et Min Hee vient juste de décéder à travers le salon...
- QU'EST QUE T'AS DIT ???

Donc en gros, je venais de lui annoncer la mort de ses deux collocs....
OH PUTAIN, JE VIENS DE LUI ANNONCER LA MORT DE SES DEUX COLLOCS !!!

D'un coup, j'ai subitement réussi à déccrocher du mur au dessus de la télé, me suis confondue en plates excuses et expliqué le misunderstanding :

Parce que le truc c'est que quand t'es fraîche comme la rose de l'avant veille qui a pris une douche australienne, tes neuronnes eux en ont rien à foutre, ils sont restés en France, et en VF. Ce que j'ai sorti n'est même pas de la traduction mot à mot du français à l'anglais, juste des mots français pas assortis ensembles qui pourtant avaient un but bien précis mais qui a dû rester à Hong-Kong avec Diana Ross et son old piano. To pass away, ça veut dire décéder alors que moi j'essayais juste d'exprimer le fait que Han Lee est passée à travers le salon en direction de sa chambre ; et to not make it home, ça veut que t'y es resté et que tu reviendras jamais, JAMAIS à la maison alors que Manoela, elle était juste pas encore rentrée à la maison.

-" Oh my god, you know for a moment you scared the shit out of me ! you looked so shoked ! here i was, thinking that your english was so good !

*Ha tu vois, on arrête pas de me dire que mon anglais est so good !*

- Haha, no, i'm sorry my bad. It's just that i'm really tired and jet fuckin' laged ! (ouais, je jure aussi vachement en anglais). It won't happend again, all i need is a good night sleep ! I'm sorry again, and hum... huhu...

*et là je me prépare à lui sortir un ptit joke bien anglais histoire de lui montrer que c'est bon, la VO, je gère*

... Pardon my french ! haha !
- ...
- ha  ha... hum...(putain mais ici aussi je vais me taper la honte au moment où je crois trop maîtriser la situation ou bien ?!)
- ... hum... Jane ?
- Yeah ?
- You do know know the meaning of "pardon my french" don't you ?
-... hum, i though i did, but apparently, i don't....
- You know, you french people have a reputation for swearing a lot, right ?

*Rho putain mais ce gros cliché à la con quoi, merdeuh !*

...Well, when you talk to someone and you swear a lot, not in french, but, like when you tell a friend a story and you say "fuck" every two words, you just say "pardon my french" as in "yeah, i said a lot of bad words like french people do all the time haha, oupsy !".
- ok... well, i guess me and my french can call it a night, we've made enough mistakes for tonight haha !"

Ce fut, so far, mon plus grand moment de solitude en VO et ma plus grosse mistake en anglais... But you know what they say : go big or go home !



____over and out____.


jAne.