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samedi 10 janvier 2015

Merveille du Quotidien # 16 : « Ils peuvent venir les tigres avec leurs griffes ! »

- «  Putain, y’a un attentat à la rédac de Charlie Hebdo ! » s’écrie mon chef.
- « Quoi ? mais non, c’est un hoax ! » fut ma toute première réaction.

La suite, tu la connais bien. Je ne suis pas là ce soir devant mon écran pour raconter les événements que nous avons suivis minute par minute pendant 3 jours. Je ne suis pas là pour dire quel rôle a eu Charlie Hebdo dans ma vie. Je me suis souvent retenu de parler de choses sérieuses sur ce blog, ou d’exposer mes idées politiques. Je ne vais pas m’y mettre aujourd’hui, mais j’ai quand même envie de te faire partager ces pensées certes un peu brouillonnes, définitivement naïves, cruellement innocentes. Mais c’est comme ça, c’est ce que je suis et faut que ça sorte.

Depuis mercredi, je vais, le soir après le boulot, Place de la République. J’y vais parce que de toute façon, c’est sur mon chemin, mais aussi parce que sur la place, y a plein de gens comme moi qui y viennent. Moi qui ai toujours fui la foule et qui déteste les gens, je vais vers cette masse, je vois ces visages et dans certains je me reconnais. Cet air hébété est le même que je vois dans mon miroir le matin. Cette larme qui coule sur cette joue, j’ai la même, mais à gauche. Ce soupir lâché en baissant la tête, je viens de le pousser aussi.

Je me retrouve impuissante devant cette peine parce que je ne savais pas ce que c’était de vivre dans une ville où des individus qui ont mon âge tuent de sang froid 12 personnes au nom d’un prophète. Je ne sais même pas ce que c’est que de faire quelque chose au nom d’un prophète.
J’ai le même âge qu’une de ces deux personnes qui ont tué. Quelle est la différence entre cet homme et moi ? Mon milieu social. J’ai grandi avec des livres dans les mains, un jardin pour jouer, des gens aimants, une aisance matérielle plus que suffisante. Lui a grandi comme beaucoup dans ce que j’appelle un ghetto. Dans le même pays que le mien. Nous sommes tous les deux allés à l’école, nous avons été instruits par la même éducation nationale, et pourtant, j’ai l’impression que nous sommes de planètes différentes. Non. De système solaires différents. Il existe, dans mon pays, un système solaire différent du mien. Moi j’ai simplement eu la chance de tomber au bon endroit. Voilà à quoi ça se joue finalement. 

Et j’ai repensé à cette enfant qui avait fait partie d’un atelier que j’animais à Paris Plage l’été 2011 : elle faisait partie d’un des groupes de centre de loisirs qu’on avait le matin. Elle n’avait pas assez de sous pour partir en vacances me disait-elle, mais elle aimait bien venir faire des collages avec nous. On lui racontait de chouettes histoires sur Paris. Alors voilà, je sais bien, ce n’est rien ce qu’on leur faisait faire à ces gamins, mais les étoiles qu’elle avait dans ses petits yeux, c’était joli. Elle est revenue la semaine suivante, avec son papa et ses frères. Elle a refait des collages avec nous et quand son père est revenu la chercher, je me souviens l’avoir entendu dire à sa fille « allez, arrête avec ces conneries, viens on s’en va tes frères veulent aller faire *je ne sais plus quoi mais c’était un truc à la con*. Jette ton machin, de toute façon tu n’es qu’une fille ça ne sert à rien que t’apprennes des choses il suffira que je te trouve un mari ». Bon, alors chacun élève ses enfants comme il l’entend hein, mais j’aime autant te dire que ce jour-là je l’ai eu bien mauvaise de devoir réfréner ma verve. Là où j’aurais bien lâché un « Espèce de gros enculé, tu vas parler meilleur à ta fille ! Tu es venu l’inscrire à mon atelier, mon job c’est de lui apprendre ça alors tu vas la laisser apprendre ! Et tu vas le faire toi aussi l’atelier, ça te permettra peut-être de comprendre qu’un mégalétoscope, c’est trop de la bombe bébé ! » j’ai accordé un regard glacial à ce sombre connard, je me suis baissé et j’ai dit avec un grand sourire à la petite fille : « Est ce que tu veux bien me le donner ton collage ? Comme ça, tu mets ton nom et on pourra s’en servir comme exemple pour tous les autres enfants parce que je le trouve drôlement réussi moi ! Et je suis fière de toi. » Elle m’a quand même fait un petit sourire en signant son collage et en me le laissant. Il n’y avait plus d’étoiles dans ses yeux quand elle est partie sans se retourner. Je ne l’ai plus revue les 2 semaines restantes.

Cette petite fille aussi grandit dans un ghetto en France. Elle est prise en charge par des plans « urgence banlieue ». Ses parents, venus en France, l’ont confiée à notre Education Nationale. Ces gens se retrouvent parqués dans des cités, à l’écart des électeurs que la diversité dérange. Ma République baisse les bras devant toute une génération et fabrique un compost qui ne génère que haine et exclusion. Ce pays dont je fais partie laisse dérailler ces enfants français au point qu’ils peuvent aujourd’hui tuer 12 personnes qui ne faisaient que dessiner la cruelle réalité. Parce qu’en France, nous avons notre liberté d’expression. Ces personnes ne me sont pas devenues subitement des symboles par leur mort. Ils ne sont pas des martyrs et je reste convaincue que moi toute seule je peux continuer à m’exprimer si je le souhaite.

Depuis que je sais ce que cela fait de vivre à 7 minutes de l’endroit où ces 12 personnes ont été abattues, j’ai versé une larme, longtemps. Une seule, au lendemain de l’attentat. Parce que j’ai eu peur, j’ai lu sur le parisien.fr qu’ils revenaient vers Paris, au Nord-Est. J’ai réagi bêtement, j’ai cru que la solution était de se terrer. 

Face à tout ça, face à tout ce que je lis, tout ce que j’écoute et regarde, une phrase me revient. Elle est extraite du petit prince de St-Exupéry, à un moment, la rose dit au Petit Prince « Ils peuvent venir les tigres ! » parce qu’elle se croit trop forte avec ses quatre épines de rien du tout. Et plus tard, quand le petit prince lui dit au revoir, elle en rajoute une couche en disant « Quand aux grosses bêtes, je ne crains rien. J’ai mes griffes ». Et je me sens un peu comme la rose : 4 épines de rien du tout pour me défendre face à des tigres, mais j’ai même pas peur. À Charlie Hebdo, ils avaient des crayons et du papier. Malgré les menaces, ils n’ont jamais posé leurs crayons. Jamais ! Ils ne faisaient que fabriquer un fanzine, putain ! Juste un petit journal que chacun est libre d’acheter, ou non. De lire, ou non. De partager ou non.

Malgré les menaces, je ne couperai pas mes épines. Mes quatre petites épines à la con, c’est tout ce que j’ai et c’est bien plus puissant à mes yeux que des kalachnikovs de merde. Je nous ai vus moi et beaucoup d’autres parisiens nous tenir debout, nous rassembler le jour même de l’attentat. J’espère que tout cela ne tombera pas dans l’oubli. J’espère que nous continuerons à nous unir et prendre possession de notre espace public au lieu de nous isoler chez nous devant nos télés. J’espère qu’enfin, on donnera la chance aux futures générations de se mélanger, de partager leurs connaissances au lieu de continuer à les parquer dans des ghettos.

Je me suis retrouvée toute seule chez moi ce soir, et je me suis demandé ce que je pourrais bien faire moi toute seule. Qu’est ce que je peux faire moi ? Je ne suis rien, je n’ai que quatre épines de rien du tout ! Et pourtant…
Aujourd’hui, j’ai eu un message de ma maman sur mon répondeur qui disait « Tu sais ma chérie, tout ce qu’ils veulent, c’est qu’on baisse les bras et qu’on ne fasse plus rien. Donc résistons ma chérie ! il faut continuer. ».

Je n’oublierai pas cet événement. Je n’oublierai pas qu’aujourd’hui, un nouveau Charlie Hebdo est en préparation. Je n’oublierai pas que parfois, nous avons l’occasion de montrer à une enfant que ce qu’elle fait importe à quelqu’un. Je n’oublierai pas ce que mes parents m’ont enseigné. Je n’oublierai pas de l’enseigner à mon tour aux enfants qui croiseront mon chemin. Pour la première fois, je me dis que je ne peux pas baisser les bras et tirer la chasse sur les dernières miettes de foi en l’humanité qu’il me reste. Ce qu’il se passe dans les rues de ma ville me montre bien que certaines pierres valent la peine qu’on use nos chaussures, si ça peut permettre à des enfants de continuer le chemin. Je prendrai ma place dans ce pays parce que je crois en les valeurs d’une République qui part en couille, il n’est pas trop tard.

À ceux qui nous disent que nous ne serons pas en sécurité tant que nous combattrons Allah, son messager et les croyants, je répondrai que face à ces menaces, ce n’est pas de la peur que je ressens. Je n’ai pas peur de dire que je ne partage pas leurs croyances et que je déplore qu’une poignée d’extrémistes puissent faire passer tout un peuple musulman pour ce qu’il n’est pas. Je n’ai jamais cru en Dieu. Je ne croirai jamais en Dieu. Je ne croirai jamais que la réponse à la violence est la haine, l’exclusion, l’intolérance, l’extrémisme ou encore l’ignorance. J’ai appris à l’école 3 mots : liberté, égalité, fraternité.

Comme vous, je resterai fidèle à l’enseignement que j’ai reçu, en lequel je crois et que je veux défendre. 

Et je vous résisterai.

____over and out____.


jAne.

mercredi 29 octobre 2014

MERVEILLE DU QUOTIDIEN #15 : NonNon et sa deuxième première leçon de conduite.

Bon. Reprenons un peu les choses pas sérieuses. 

Lors de mon séjour en terre trop connue l’hiver dernier, le plus clair de mon temps, je l’ai passé à apprendre à conduire une voiture. La voiture et moi, c’est une longue histoire basée sur la haine et la non appréciation unilatérale.

*Bien que ça me coûte de l’avouer, je me rends bien compte qu’une voiture ne peut pas me détester cordialement, même si j’en suis intimement persuadée... mais je ne voudrais pas que les gens me croient folle.*

Appelons une chatte une chatte : Conduire une voiture, ça me casse les couilles. Ça m’a longtemps foutu une trouille monstre. Me retrouver dans un habitacle me donne immédiatement l’impression malsaine de me trouver dans mon cercueil. Mais la vraie raison de cette peur : quand tu conduis, tu es obligée d’interagir avec d’autres humains selon tout un tas de règles. 

*Ouais, l’enfer sur terre !*

Mais bon, une troisième assistante déco qui n’a pas le permis, c’est comme une semaine de vacances au bord de la mer sous la pluie : c’est bien joli mais ça n’a pas beaucoup d’intérêt. Et oui, je sens bien que mademoiselle L. en a ras le cul de se taper les 7h de route toute seule quand on va à l’île de l’Oléron.

*Vous noterez que ce qui me décide à passer mon permis, c’est uniquement pour mon boulot, et non pas altruisme amical. jAne, t’es vraiment une connasse parfois.*

____aparté contextuel___:
Avant d’aller plus avant, il faut que tu saches une chose sur le fonctionnement de mon corps humain. Parfois, je fais des crises d’angoisse. Les causes principales sont : trop d’humains au mètre carré, ou absence de fenêtre et/ou d’issues de secours. Et mes crises d’angoisses se manifestent par une contraction simultanée des muscles de mon corps suite à une décharge subite d’adrénaline. Même si j’ai appris à apprivoiser ce merdier, quand cette saloperie d’hormone débarque, bim mon coeur s’emballe, bim, c’est la merde. Je te rassure, je ne finis pas systématiquement recroquevillée sur moi-même face à un mur en me balançant d’avant en arrière. Non. À force de détermination et d’autorégulation à base d’images mentale, de respiration du ventre, de séances avec mon psy et, en cas de force majeure, de lysanxia, au mieux je m’en sors avec une petite chialance. 

*J’entends encore mon psy me dire :
- « Mademoiselle jAne, ne soyez pas si dure avec vous, ces larmes sont le seul échappatoire de vos émotions corporelles, ça ne fait pas de vous une personne faible, cela fait de vous un humain.
- Ouais, mais c’est dégueulasse l’humain ! je ne vois pas pourquoi je ne n’arriverais pas à contrôler ça !
- Faut bien que ça sorte, vous n’êtes pas une machine ! »
Saloperie de corps d’humain.*
___Fin de l’aparté contextuel___.

La plupart de mes amis sont au courant que je peux « serrer du moteur » et que, pour éviter l’humiliation suprême d’exprimer une émotion en public, je me casse sans crier gare.

Le moniteur de l’auto-école, lui, il ne le sait pas. Me voilà donc un joli matin de février derrière le volant d’une Citroën C3 diesel devant l’entrée de l’auto-école Bessonne à la Seyne Sur Mer. 
« - Bonjour jAne ! Alors, c’est ta première heure ? Tu as déjà conduit avant ?
- Bonjour. Oui.
- À quelle occasion ?
- Il y a 10 ans, j’ai commencé le permis, j’ai conduit en circuit et 20h en ville, puis j’ai déménagé et j’ai laissé tomber.
- Ha ! ça va bien se passer alors, tu dois avoir quelques bons restes ! Comment s’était passé ta première heure en ville ?
- Le moniteur gérait les pédales, moi le volant. Je me suis évanouie au premier feu rouge.
- ha… »

*Ambiance.*

« - Et bien aujourd’hui, puisque tu as déjà conduit, tu vas tout gérer toute seule : le volant, les pédales, les clignos. Je me contenterai de t’indiquer le chemin et quand y aller. »

*Ambiance, 2.0*

« -On va commencer par mettre le contact après avoir vérifié qu’aucune vitesse n’est enclenchée. »

*Tiens, c’est marrant, Katy mon esthéticienne elle dit aussi « on » pour me faire faire un truc ! C’est comme ça que je me suis retrouvée à me faire épiler du SIF ! Mais ça, c’est une autre histoire…*

Il y a des choses que tu ne peux pas partager avec ton moniteur d’auto-école…

« - Heu… juste un truc à savoir avant, conduire est l’une de mes pires angoisses, et peut-être si j’ai un gros coup de frayeur, je peux avoir une réaction physique étrange et chouiner un peu... désolée hein, mais c’est vraiment un effort pour moi de faire ça, conduire et tout, je ne suis vraiment pas à l’aise…
- Ne t’inquiète pas, de toute façon je suis là et on va travailler ensemble, tu verras, on va venir à bout de tes petites frayeurs. Tout ira très bien ! tu sais, j’en ai vu d’autres ! »

*Tu ne sais pas à quoi tu as affaire mec… je t’aurais prévenu. Non, mais de toute façon, il a raison, rechpirchme, ce n’est qu’une machine, c’est toi qui commande, tout va bien aller. Dji Aïe jAne en action !!!*


J’ai fait ce petit geste avec le levier de vitesse que mon papa fait tout le temps au feu rouge et avant de démarrer en disant à haute voix « touboudoum ». Le moniteur m’a regardé bizarrement. J’ai tourné la clef pour mettre le contact, j’ai posé mes mains à 10h10 en disant à haute voix « l’heure du pastis ». Le moniteur m’a regardé en fronçant un sourcil sur deux.

- « Allez, on passe la marche arrière et on regarde derrière soi en se préparant à desserrer le frein à main pour reculer sur en contrôle direct pour sortir du parking tout en appuyant à la fois sur le frein et l’embrayage pour éviter de caler dans la pente. Et dans tous les cas, en situation de stationnement, priorité au trafic ! »

*Heu… Pardon ? je dois faire quoi en premier ????*

J’ai oublié de respirer, j’ai lâché l’embrayage, j’ai freiné, je n’ai pas lâché le frein à main et il s’est passé quelque chose de MONSTRUEUX : la voiture a calé avec un petit soubresaut de voiture qui cale avec le frein à main.

Bon alors oui, tu vas me dire, haha ! Trop drôle, erreur classique, c’est rien ça que la voiture cale ! Revoyons l’action au ralenti de dans ma tête :

Oh putain, oh putain, il a dit quoi après on passe la marche arrière ? Elle est où la marche arrière ? Je crois c’est là où y’a le coup de l’embrayage sinon la voiture elle crie. Mais putain, ça ne peut pas crier c’est une machine. Sa mère, j’ai trop peur de ouf. Alors attends, maman elle fait comme ça d’habitude. Attends, depuis quand j’ai pas respiré ?! Merde, y’a pas la petite bagounette de la marche arrière là dessus. Ha non, elle est la la marche arrière, regarde le petite dessin sur la pomme. Bon marche arrière ok. Après, on freine, on respire et on lâche l’embrayage et 
OMONDIEUC’ESTQUOICEBRUIT C’EST QUOI CE BON DE LA VOITURE JE LE SAVAIT, ELLE ME DÉTESTE ON VA ATTERIR 10 METRES AU MOINS HA ELLE VEUT ME TUER LA PUTE QU’EST CE QUI SE PASSE JE VAIS MOURIR ET J’AI MÊME PAS ENCORE COMMENCÉ À VIVRE MON DIEU C’EST LA PEAU DE CALIPSE JE VAIS NOUS EMPLATRER MOI ET MONITEUR DANS LA BAIE VITRÉE DE L’AUTO ÉCOLE ET DU COUP SA FEMME SERA VEUVE ET L’ORPHELIN ILS VONT ESSAYER DE TUER MON MARI ET MES ENFANTS IMAGINAIRES PAR PURE VENGEANCE HAAAAAAAAAAAAAERSRDYTUUHIJOKPAZERTYUIOPMLKJHGFDSQWXCVBN,;,UYBVTCRDFVBGNHKNJGKSRCMRCROUTEJCMXSH,LRUHZIMRUGWNMIUGMIGSUDXMIGZMQIRUWGNMIXGUZRQNSIUXGNMIGUMIRUNMZIHÙQOIUEBCMIGUMRAC.

Je te jure, à ce moment-là, comme souvent dans ma vie, je me suis dédoublée et je me suis vue moi et Moniteur depuis l’extérieur de la voiture en train de faire un bon en avant de 10 mètres. Au ralenti. En fracassant la façade du bâtiment motche de la zone industrielle motche.

Mais y’a pire.

Le pire, c’est qu’à ce moment-là, ma saloperie de corps humain s’est dit « oh merde, vite, de l’adrénaline ». 
Horreur suprême de l’au-delà, mon cerveau de machine s’est dit « oh merde, le kraken a été libéré. »

Moniteur a dit (je crois) :
« - Ha oui donc en fait, si tu freines sans appuyer sur l’embrayage, ça fait caler la voiture. Et comme y’a encore le frein à main, ça fait un petit hoquet, c’est normal ! Tourne la clef dans l’autre sens et recommence. »

J’ai dit :
« - … »

Mon cerveau a dit
-«  Mayday, MAYDAY, I repeat, MAYDAY, Houston, we have a problem. HOUSTON DO YOU COPY ? Houston in the blind, this is special agent Stone, I’w detached, I repeat, I’M DETACHED HAAAAAAAA WHATDOIDOWHATDOIDO HAAAAAAAAA »

Mon corps humain a dit :
«- adrénaline, OK. Tachycardie, OK. Apport en oxygène, OFF. on envoie les renforts dans les glandes lacrymales, je répète, on envoie les renforts dans les glandes lacrymales, over »

*Oui, mon corps humain s’exprime comme ça lui aussi *

Moniteur a dit :
« - Heu… c’est quand tu veux jAne. »

J’ai péniblement réussi à dire :
« - *gasp* »

« - jAne ? Ça va ? JANE ??? Respire un coup, c’est rien du tout qu’est ce qui t’arrives ?! Lâche ce volant, t’as les articulations des doigts tout blancs !!!
- …gasp…

*- I’M DETACHED, I’M DETACHED, HAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!! *

Et là, ce qui devait arriver arriva. Le moniteur m’a dit :
« - Mais ! jAne ! Pourquoi tu pleures ?! » avec les yeux ronds comme des billes.

Mon cerveau m’a dit :
« C’est okay les gars, elle chiale, on peut arrêter l’adrénaline et relancer l’oxygène ! over and out. »

J’ai dit, après avoir enfin pu prendre une grande inchpirchme, une grande expirchme et avoir réussi à lâcher ce putain de volant :
«- Désolée. Quand j’ai un coup de flippe, ça lâche de l’adrénaline. Comme j’ai 2 de tension, l’adrénaline ça me met en crise de tétanie. La seule façon de me calmer c’est de chialer un ptit coup, faut que ça sorte tu comprends ! Mais t’inquiète, ça va aller, juste ça m’a prise par surprise le coup du bond de 5m de la voiture. Et les surprises, je n’aime pas trop ça, rapport au fait que je suis une putain de controlfreak. Mais bon, tu vois ça va déjà mieux, je vais juste pleurer encore un peu mais je peux déjà reprendre une activité normale. »

Et là d’un coup, tout va mieux. Ce qui, pour le moniteur a dû être sérieusement flippant, me voir parler comme ça tout calmement avec deux grosses larmes qui coulent.

« - Ha ouais. Donc tu déconnais pas quand tu me disais tes trucs d’angoisse et tout…
- non.
- parce que je me disais que bon, comme tu avais déjà conduit et tout…
- …
- Bon, qu’à cela ne tienne, au moins, me voilà prévenu, c’est une très bonne chose. Tu vas voir, on va tout reprendre depuis le début, tout va bien se passer ! »

Cela faisait donc 10 minutes que j’étais au volant d’une voiture…

*Ambiance.*

Et tu sais pas quoi ? Une à une on leur a niqué leurs mères à mes angoisses avec mes moniteurs d’auto-école. Il m’aura fallu 42 heures de conduite, 2 présentations au permis de conduire, 12 crises d’angoisses au volant, autant de paquets de mouchoirs, une patience et une compréhension infinie de mes moniteurs pour avoir mon permis.

Mais putain, je l’ai eu. Conduire une voiture, je n’aime toujours pas ça, je préfèrerai toujours la douce sensation du vent dans mes cheveux à vélo, mais au moins, j’ai même plus peur. Na. 

*Dans ton cul Houston !*




____over and out____


jAne.

mercredi 29 janvier 2014

Meveille du Quotidien #14 : Quand La Vie Fait De La Merde.

Hey mais salut ! la bonne année bien cher lecteur !

Comme tu dois t’en douter, me remettre à l’écriture assidue de notes de blog est une résolution que j’ai oubliée en 2013. Mais il y a peu, je l’ai retrouvée, alors bon, youpla boum.

Et pourquoi je l’avais perdue ? Et bien je ne sais pas trop à vrai dire. Je ne m’ennuie pas particulièrement en ce moment, mais c’est juste que je me suis tapé un blues de la note kiffante. Tu te rappelles l’histoire de l'épilation ? Cette note de blog a battu tous mes records de pages visitées. Cette note m’a tellement fait marrer. Alors après ça, je ne savais plus quoi écrire. Quel sujet aborder ? Retrouverai-je un jour ce ton si particulier qui m’habite lors de ces moments si précieux ?

*Ouais, on peut ne pas être écrivain et se taper une crise existensielle de l’écriture.*

Oui. je le retrouverai. Mais comme ce n’est pas tous les jours que je me fais épiler le frifri pour la première fois, autant assumer les jours où la vie fait de la merde. Ceux où ton corps fait du n’imp. Où ton esprit fait du caca.

Tu vois bien de quoi je parle hein ? Bon. Et comme, pour moi, le chemin menant à la note de blog au mojo de ouf passe par des best of, je suis sage et fais tout pour que ça ro-marche.

Voici donc après une introduction fort laborieuse, je te l’accorde, le best of de «quand la vie fait de la merde». Moments qui, une fois mis bout à bout peuvent devenir une journée cauchemardesque.

*Mais ne t’en fait point, les faits relatés ci-dessous ne me sont pas arrivés le même jour. Je donne suffisament de bon karma à mon étoile pour ne pas cumuler les combos désastreux.*

#1 QLVFDLM : bip bip bip fait le réveil, ronfle l’humain.

J’ai ouvert les yeux 4 minutes avant la sonnerie de mon réveil. J’ai traité mes yeux et me suis concentrée pour retrouver mon rêve et mon sommeil pour ces quatre putains de minutes de sommeil que je ne retrouverai jamais.

*JAMAIS*

Je me suis rendormie. Et là, ce fut le drame. Ne jamais, au grand JAMAIS lutter contre ton horloge interne. Parce que mon corps, ce gros bâtard, s’est dit : «Cool, on peut re dormir. Marcel, programme un nouveau cycle de sommeil, on relance la machine !». Même ton chat y croit et t’accompagne de son doux ronron.

Et là, que se passe-t-il ? Tu te réveilles 4 minutes après au son des infos de radio classique, te rendors, te re-réveilles à ta sonnerie de secours N°1 de ton téléphone, te re-rendors, te re-réveilles à ta sonnerie de secours N°2 de ton téléphone. Tu finis péniblement par t’extirper du lit après une demi-heure de lutte interne que tu as passée à calculer combien de temps tu peux gagner si tu ne te maquilles pas et que tu te fais un café à emporter et un croissant chopé à la boulange. Une demi-heure de stress à te réveiller en sursaut aux sonneries de rappel avec ce cri silencieux de ton cerveau «OH PUTAIN JANE, T’AS LOUPE TON REVEIL ! HA NAN C’EST BON, C’EST LA SONNERIE DE SECOURS!».

Bref, le meilleur moyen pour avoir ta tête profondément enfouie dans ton anus. C’est sa façon de te faire payer le doigt que tu as eu l’honneur de faire à ton horloge interne.

#2 QLVFDLM : J’ai oublié la batterie de mon vélo dans l’appart.

Tant bien que mal, Après avoir choisi de consacrer 5 minutes à assortir mes fringues entre elles plutôt que de foutre de l’anti-cernes.

*Ce qui est profondément débile : de toute façon, TOUTES mes fringues étant bleues, elle vont forcément être assorties, par contre mes cernes vertes, elles, jurent un peu avec mon teint gris*

Je sors de chez moi en enfilant mon manteau et mon sac.

*Mais putain, pourquoi ça ne passe pas ? ha... j’ai mis le sac avant le manteau...*

J’arrive dans ma cour d’immeuble, décroche mon vélo et mets la clefs dans le contact de la batterie.

Kling !

Comment ça Kling ? Pourquoi kling ? qu’est ce qu’elles foutent par terre mes clefs ? Ha. Merde. J’ai laissé ma batterie au bout du chargeur dans l’appart. OH PUTAIN MERDEUUUUUUH J’OUBLIE MA PUTAIN DE BATTERIE DANS L’APPART !

J’ai 8km à faire pour arriver au bureau, une réu en fin de matinée et la rue Saint Jacques à grimper, j’ai 30 ans, il est hors de question que je le fasse sans assistance électrique.

Mais le vrai drame, c’est que j’habite au 6ème étage. Sans putain d’ascenseur. Je regarde le ciel et traite mentalement ma bonne étoile.

Je regarde mon vélo, me résigne,  remonte, je prends ma batterie, je redescends. Je pue. Et merde, j’ai oublié de mettre du déo je crois bien.

#3 QLVFDLM : la phrase qui tue en réunion de chantier.

Tu es jeune. Tu es chargée du suivi de chantier et justement, c’est l’heure de la réunion avec les entreprises. Soyons clairs, étant une fille, il est souvent d’usage de subir un traitement «particulier» quand tu te trouves sur un chantier ou face à des BET. Et quand je dis «particulier», ça veut aussi bien dire en bien qu’en mal.

Et en l’occurence, sur ce chantier là, les entrepreneurs commençaient sérieusement à m’endormir. Genre c’est jamais de sa faute au pauvre petit. Et il commençait sérieusemenr à me les briser en commençant toutes les phrases par des «nan mais c’est parce que là...» quand je leur demandais pourquoi j’avais encore 32 réserves sur l’appartement N°15. Certes, je suis une fille mais mec, me la fait pas à l’envers, le carrelage de la salle d’eau, il aurait dû être fini la semaine dernière. Et je sais que la livraison s’est faite en temps et en heure et en bonne quantité, c’est moi qui l’ai passée pour pas que tu nous fasses croire que «nan mais tu comprends, c’est parce que là, c’est la faute au fournisseur»

*C’est DE la faute DU fournisseur*

Donc, arrivée à la fin de la visite, quand a commencé son énième «nan mais», j’ai pensé très fort :

*MAIS CA SUFFIT UN PEU AVEC TES «NAN MAIS» LÀ ! NAN MAIS TU NE VEUX PAS QUE JE TE TIENNE LA BITE AUSSI QUAND TU PISSES ? NAN MAIS PUTAIN !*

Un gros silence me fit lever les yeux de ma feuille de notes. L’entrepreneur me regardait avec des yeux écarquillés et l’ouvrier qui était à ses côtés avait la machoire inférieure au niveau des genoux.

- «Ben quoi ?
- Heu... Bien madame, on est désolés, on va finir le carrelage, ce soir promis c’est fait, je t’envoie la photo.
- Heu... ok»

*- Waou, mais qu’est qui vient de se passer là ? 
- Bah t’as pensé tout haut. 
- HEIN ? 
- Ben ouais. ta réflexion avec la bite, tu l’as pensée et dite à haute voix. 
- NON !
- Si. 
- Oh merde...*

Comme quoi une tête dans le cul et ton cerveau qui oublie de mettre ta boutche en mode mute, ça peut t’amener du bon. Je n’ai eu, par la suite, que de bonnes raisons pour expliquer ces putains de retards sur mon chantier.

#4 QLVFDLM : Le suicidé du métro.

Parle de lui même, pas la peine d’épiloguer, ça me fera 20 minutes de plus à regarder la vie sur un banc parisien en attendant que les quais de la 1 redeviennent praticables et 20 minutes de moins devant un écran d’ordinateur qui me donne ce si joli teint vert.

#5 QLVFDLM : La bruine de la fin de journée.

Me voilà enfin arrivée à la fin de ma journée de travail. Que dis-je ? de ma semaine ! ce fut dur, mais l’honneur est sauf et j’ai réussi à assurer un minimum. Je prends mon vélo pour rejoindre une copine pour un verre de vin bien mérité.
Parce que oui, les jours où la vie fait de la merde, c’est n’est pas que de ta faute complètement. Il faut bien que les éléments s’y mettent un peu sinon c’pas drôle. Et là, le ciel qui te promettait depuis ce matin une météo pas franchement youplaboum se décide juste quand tu sors à faire tomber un peu quelque chose. Pas de la vraie pluie non, ce serait trop simple d’être protégée avec ta cape à vélo. Non. Les jours où la vie fait de la merde, le ciel, y fait tomber des micro gouttes qui, parce qu’elles sont légères sont portées par les courants d’airs de la ville et font se foutre PAR DESSOUS ta caputche SUR tes lunettes / ta face. AKA la bruine. 

*Et bien sûr, ça te fait un espèce de masque de pollution parisienne sur ta face.*

Et ces jours là, bizarrement, je n’en peux plus de cette putain de bruine à la con qui me fait des frisottis. C’est toujours le même rituel : je lève la tête. Je constate que le ciel est uniformément blanc genre si tu prenais l’outil baguette madgique de photoshop, tu pourrais d’un coup sélectionner tout le blanc, le supprimer et le remplacer par du bleu. Je compte mentalement depuis combien de temps je n’ai pas vu un bout de ciel bleu. Je me dis qu’au moins, il ne pleut pas, c’est déjà ça. Au moment où je me dis ça, la bruine, cette connasse, commence. je traite mentalement le ciel. La bruine se transforme en petit crachin qui va défitivement faire foirer ma frange et imbiber juste ce qu’il faut mon manteau. Je traite le ciel à haute voix. Je choque la gardienne d’immeuble qui sort les poubelles.

#6 QLVFDLM : La dégaine du chien mouillé.

Voilà, j’ai traversé tout Paris sous une bruine de merde. Et j’ai à peu près autant de sexe appeal qu’un bichon avant séchage. Et je dois rejoindre Mademoiselle L. dans notre QG pour aller boire dîner. Et à notre QG, y’a un homme derrière le bar. 

*Oui, un barman si tu veux.*

Et nous avons pour habitude de nous installer au comptoir afin de profiter de la présence dudit barman. Barman qui n’est pas dégueu, tu l’auras bien compris. Et comment dire heuuu... Ok, je ne suis pas vraiment une vraie fille à proprement parler, mais quand même. Une espèce d’instinct de survie de princesse m’empêche de me montrer sous mon jour «architecte bichon frisé mouillé qui a passé sa journée sur un chantier» devant Barman. Comprends-moi bien, il ne s’agit pas forcément de lui mettre le grappin dessus à ce barman. Comme la plupart des barmen, ce qui l’intéresse surtout dans ces visages qu’il voit derrière le comptoir, c’est le reflet de sa propre personne. Donc, appelle ça comme tu veux, de la coquetterie, du sauvage de l’honneur de représenter la race féminine parisienne qui ne peut pas se montrer en public en mode bichon frisé. Il y a bien des jours où je m’en fous, mais pas aujourd’hui. J’y crois à mort, il faut que j’arrive à finir cette journée de merde par une petite victoire personnelle.

TOUT CA pour dire que je repasse par chez moi en prévenant ma partenaire de comptoir que j’aurai 32 minutes de retard. Je re-re monte mes putains de 6 étages. slalomme entre le chat, les 5 paires de chaussures pas rangées dans l’entrée, la poubelle à sortir et le porte-manteau. Je saute dans la doutche, me doutche, me sètche. Je me rhabille et passe à la phase maquillage. Pfffff... se maquiller un jour où la vie fait de la merde, la bonne idée du jour tiens. Car oui, forcément aujourd’hui, ce n’est même pas la peine d’esayer de se foutre de l’eye-liner parce que de toute façon, tu ne réussiras pas à le faire pareil des deux côtés. Et ton mascara, pareil. Il va te froutre plein de gros patés sur les paupières. Bon bon. Je lutte et arrive à quelque chose de simple et efficace (merci la génétique de m’avoir dotée d’un regard de husky, c’est déjà une vistoire sur le bichon mouillé). Puis les cheveux. A trente ans, tu commences à savoir que, un jour humide, laisse tomber le brushing et mise plutôt sur les tresses croisées façon Guertroudeu VonDerDicheu.

Et là, miracle. Y’a un être humain dans le miroir. Incroyable. Limite je ferais bien une petite danse de la victoire. PIF PAF POUF, je redescends, renfouche ma bécanne et zou ! 

*je ne reconnais plus personne en Harley Davidson, alllez hop on y va, en route pour l’aventure Tanananaaaaaa !*

#7 (et dernier) QLVFDLM : epic final fail.

J’arrive au bar, ma comparse est là, le vin, 2 verres et un tabouret libre n’attendent que moi pour jouir de la vue sur le barman.

*Je commence à croire que ma bonne étoile est revenue de vacances*

On boit, on papote, on rigole, on re boit, on mange, on blague avec le barman. Quand soudain, le voilà qui se plante face à nous avec un petite sourire miaouesque et se penche vers nous en nous disant :

- «Mais dites-moi les filles, vu que vous êtes des habituées maintenant, je peux vous poser une question ?
- huhu mais ouiiiiii Barman !
- Ca fait longtemps que vous êtes en couple ?»

*Je ne sais pas pourquoi, mentalement, j’ai eu l’impression de redevenir un bichon mouillé*

- «Heu... Pardon ???
- Bah ouais. Vous êtes bien en couple ?
- heu... non.
- ha...
- Mais enfin Barman ! d’où tu crois qu’on est en couple ? 
- Bah chaipas, vous venez toujours rien que toutes les deux, j’ai jamais vu l’une sans l’autre ni même l’une avec quelqu’un d’autre. Vous avez les même gestuelles à force de rester ensemble, on dirait vraiment un gentil petit couple, vous êtes chou. En plus, jamais l’une de vous ne matte autour. Même pas moi, c’est dire !»

Ok. OKAY. Donc depuis tous ce temps que je fatigue à essayer d’en savoir plus sur le mystérieux Barman genre subtile technique d’approche, en fait nan. Cette espèce de petite complicité légère et fort sympathique, c’était juste parce qu’on s’étaient faites lesbienne zonées par Barman. Je suis donc toujours complètement incompétente en ce qui concerne la drague. Mais heureusement, je suis vachement forte pour assumer le ridicule, vu la pratique que j’ai. Je songe déjà une petite répartie. C’est là que ma pote a sorti :

- «Nan mais en plus, laisse tomber, moi je ne tiendrais pas une semaine avec elle ! Déjà qu’elle n’est pas toute seule dans sa tête, en plus elle change d’homme de sa vie comme de chemise, j’ai du mal à suivre ! c’est pour ça que je la vois si souvent, pour les mises à jour !»

Donc voilà. Je suis passée de lesbienne en couple à une espèce d’overly attached Marie-couche-toi-là schizophrène. Je crois que c’est mort pour pécho le barman qui a simultanément haussé les sourcils en regardant vers le bas en essuyant un verre à pied déjà sec. J’ai lancé un regard garfieldesque à ma pote.

- «Bah quoi ? c’est drôle non ?!»

*TROP drôle. Tu vois pas là ? C’est ma tête de bichon mouillé mort de rire.*

Bon allez. Je rends les armes. Fais péter les kaïpis Barman. En plus d’être une overly attached Marie-Couche-toi-là shizophrène, ma pote a oublié de te dire que je suis alcoolique.


____over and out____.


jAne.

samedi 7 décembre 2013

Merveille du quotidien # 12 : Alors, qu’est ce qu’on fait aujourd’hui ?


/// ATTENTION GROS WARNING SUR CETTE ( longue ) NOTE DE BLOG mais pas trop car je ne veux pas spoiler : contient des références anatomiques plus ou moins intimes de filles mais rien de sexuel. Car on y découvre à quel point nous les filles, on a du mérite et on n’est pas douillettes./// (tu ne pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenu.)


Bon. Ca fait un bout de temps qu’on se connait maintenant toi et moi. Il est temps que je t’en raconte un peu plus sur moi. Comme tu le sais, je fais de la natation. J’en fais même trois fois par semaine, mais oui ! je te mets la race au 100m crawl quand tu veux !

Et donc forcément, pour le bien de mon chrono, pour le bien des personnes qui nagent derrière moi et pour le bien de ces apollons qui ont parfois le droit de partager brièvement ma vie, une fois par mois, je vais chez l’esthéticienne.

*Ça t’angoisse jamais toi quand tu vas à la piscine et que tu sais que t’es pas super bien défrichée ? Bon, je sais bien que la personne nageant derrière moi ne fait absolument pas gaffe à ça, mais quand même. Dans les vestiaires, ça mate. Et je suis désolée, mais des jambes de yéti ou pire, un frifri pas très bien défriché, ça le fait pas.*

Donc voilà. N’ayant encore jamais eu le courage, le temps ou les moyens de m’offrir une épilation définitive au laser, j’ai un abonnement mensuel dans une chaine d’instituts de beauté dont je tairai le nom tant qu’ils ne me sponsoriseront pas. Et donc une fois par mois, je vais me faire épiler par une professionnelle. Et pas que les demi-jambes.

Et c’est un grand moment. Parce que bon, ok, nous les filles, à partir d’un certain âge, on finit par s’habituer à montrer notre teucha à des gens autres que l’amour de notre vie. 

*Car oui oui, parfaitement, pure et vierge je resterai jusqu’à ma nuit de noces… *

*Comment ça je ne suis pas crédible ?! Fuck off !*

Le gynéco, le centre d’analyse, la sage-femme, ce fruit béni de nos entrailles si on a la chance d’accoucher par voie naturelle : soyons honnête, la foufounette d’une femme, à un moment donné, t’as limite l’impression que ça devient un magasin de curiosité…
Aujourd’hui, je vais te raconter ce qu’il se passe exactement quand tu vas voir l’esthéticienne pour te faire ce que l’on appelle communément une épilation du maillot.

Et dernièrement, j’ai décidé d’être un peu ouf et de tenter le brésilien. Pourquoi ? honnêtement, c’est parce qu’il y avait une promo affichée en grand derrière le comptoir de l’accueil et que je suis et resterai une victime de la société de consommation occidentale. Mais aussi parce que depuis le temps que j’en entends parler et vu que je manquais d’inspiration pour mon blog, j’ai décidé de me porter volontaire. Je me suis dis que ça serait drôle.

*Avec le recul, je me dis souvent que ce que je pense être drôle se révèle en fait une idée à la con.*

Jusqu’à présent, je me contentais d’un « maillot échancré ». Dans ce cas là, c’est plutôt soft : tu t’allonges sur la table sur le dos, la dadame te noue un mouchoir sur le devant de ta culotte pour la « centrer » (comprenez « révéler l’infâme toison qui dépasse de partout »), elle arrache vite fait bien fait ce qui dépasse sur les bords et zou, c’est fini.

Ce jour-là, j’arrive au comptoir, et la dadame m’accueille avec son traditionnel :

« - Alors, qu’est ce qu’on fait aujourd’hui ? »

*-Ben écoute, là j’ai juste besoin que tu me transformes mon maquis bordélique en toundra, mais après on pourrait aller se jeter un godet au café clochette nan ? ça fait un bail qu’on s’est pas vues ! Quoi de neuf ? *

- Bonjour ! heu… allez, un brésilien ! Dis-je en avisant le panneau des promotions.
- très bon choix, nous avons une promo en ce moment sur le brésilien !

*- C’est à dire que moi je suis plus branché australien…*

- Oui, j’ai vu !
- Vous voulez juste une bande ou un ticket de métro devant ? On fait les lèvres  ? On vous fait l’inter-fessier aussi ? c’est inclut dans l’prix !

*- Oh putain, c’est compliqué le brésilien !… les lèvres heu… la moustache ? et qu’entends-tu exactement par inter-fessier madame ? *

Et dans ces cas-là, comme socialement parlant, je ne suis pas douée, et que je ne tenais pas à ce que Dadame me fasse un exposé avec sa voix forte devant les autres meufs de l’accueil, j’ai répondu par un hésitant :
- … heu oui. 
- Très bien madame. KATYYYYYY ! UN BRÉSILIEN EN TICKET AVEC INTER-FESSIER POUR MADAME EN CABINE 2 ! »

*Merci Dadame, je suis sûre que toute la clientèle ici présente avait trop envie de savoir ce que la petite meuf en bleue allait se faire faire… Je me suis demandé d’ailleurs si Dadame n’était pas apparentée à Maryse du laboratoire des analyses du pipi…*

Et j’ai un peu commencé à prier ma bonne étoile, comme à chaque fois que je sens que je m’engage dans un galère…

Je vais en cabine 2 et j’attends la dénommée Katy qui va s’occuper de moi sur la table après m’être déshabillée du futal. Elle rentre.

-«  Bonjour, c’est pour un brésilien c’est ça ? »

* Tu déconnes là Katy ? Tout l’accueil est au courant que je suis sur le point de me taper un brésilien ! Il te faut quoi ? Un 4 par 3 dans le métro ? ATTENTION, SUITE À NOTRE SUPER PROMO, CE MATIN, JANE SE FAIT FAIRE UN BRESILIEN DANS LA CABINE 2 À 9H PRÉCISE ! WOOHOO !*

-« … Heu… oui…
- Ha par contre il faudra enlever la culotte. Je reviens dans une minute »

*Nan mais c’est bon Katy, tu vas m’épiler la teucha, de toute façon tu vas le voir mon frifri, t’es pas obligée de sortir pour que j’enlève ma culotte… ha ben si. Oh putain, j’ai peur… je veux pas enlever ma culotte…*

-« Alors, on va prendre la position de la grenouille s’il vous plait »

* Pardon ? *

- Heu… c’est à dire que c’est la première fois que je me fais faire un brésilien… »

*D’ailleurs, un brésilien je ne m’en suis jamais fait non plus. Ni un brésilien dans la position de la grenouille tiens ! *

Alors la grenouille, c’est simple, c’est comme la brasse avant de tendre les jambes, tu sais ? quand tu as les pieds qui se toutchent et les genoux pliés. Mais apparemment, ça parle à plus de gens la grenouille que la brasse…

Et là, Katy me balance sans trop de ménagement de la cire entre les jambes. Là où jamais aucune goutte de cire n’a séjourné avant. Là où mes petits poils poussaient tranquillement depuis ma puberté et n’avaient jusqu’ici jamais été emmerdés. JAMAIS . Appelons une chatte une chatte : sur la lèvre oui, parfaitement. Voilà.  C’est à ce moment là que le corps humain de la femme un genre de réflexe à la con qui fait que tu te retrouves avec de la cire plein la cuisse et une Katy pas très contente.

« - Mais enfin ! Qu’est ce qu’on fait là ?
- Ben je vous ai dit, c’est la première fois !
- Ha mais fallait le dire !
- Mais je vous l’ai dit ! Juste avant le coup de la brasse !
- Quelle brasse ?
- Oui, enfin, la grenouille ! Faut m’expliquer un peu quand même !
- Ha ! Bon alors, c’est pas grave hein, on se détend. C’est vrai que bon, vous avez de la chance, vous n’êtes pas très fournie de ce côté là, vous ne sentirez pas grand chose…

*Je te voyais venir avec ton air dégouté quand je parlais de mes poils pubiens de l’adolescence : c’est pas non plus la forêt vierge hein ! J’ai jamais rien eu qui dépassait du maillot et quand même, de temps en temps, nous les filles, on se refait une petit coupe hein. Enfin moi oui parce que sinon, ça me ferait des dreadlocks du frifri chuis sûre !*

- Bon, détendez-vous, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Ça va aller très vite. »

*Ils disent tous ça la première fois…*

Et puis bon, une fois que la cire est posée et sèche…

SSSCCRRATCHHHHH !

*oh. Pu. Tain. Tu m’avais dis quoi déjà Katy ? Je ne suis pas très fournie je ne sentirai pas grand chose ? HEIN ?*

Je me souviens très bien du premier moment dans ma vie de grande personne où j’ai eu mal au point de pleurer en criant « maman ». C’était au réveil d’une opération de hernie discale : l’infirmière avait besoin de savoir si je pouvais bouger mes orteils avant de me balancer de la morphine pour être sûre que mon nerf sciatique n’avait pas été touché. Je suis tombée 3 fois dans les vapes avant de comprendre que bouger orteil = morphine = fini bobo.

Je me souviens très bien du deuxième moment dans ma vie de grande personne où j’ai eu mal au point de pleurer en criant « maman ». C’est quand Katy a arraché la bande de cire de la lèvre droite de mon frifri.

- « Et voilà ! vous voyez ? c’est pas si terrible. Le tout, c’est de ne pas trop se contracter et voilà ! »

Et là, j’ai eu envie de la traiter Katy. J’ai eu envie de traiter l’inventeur de la cire chaude, celui du maillot de bain échancré, le pubar qui a décrété que « les poils c’est motche »,  notre mère la terre qui a décidé qu’un homo sapiens sapiens, ça avait encore besoin de poils pubiens.
J’ai eu envie de me traiter moi, putain de victime de la société occidentale, avec mon idée à la con de « tiens ! et si je me faisais un brésilien pour voir ? »

*Ha ben voilà. Tu le voulais tu l’as eu ! Et dis moi un peu Katy, entre nous là… COMMENT TU VEUX QUE JE ME DÉTENDE UN PEU HEIN ? T’AS LES MAINS DANS MON INTIMITÉ QU’EST CENSÉE ÊTRE RÉSERVÉE À L’AMOUR DE MA VIE DE MA NUIT DE NOCE, AVEC DE LA CIRE CHAUDE. T’AS UNE IDÉE DE LA DERNIÈRE FOIS OÙ M’ON M’A TITILLÉ LE FRIFRI ? HEIN ? TU LES VOIS PAS LES PUTAINS DE TOILES D’ARAIGNÉES ? TU CROIS QUE QUOI ? QUE JE ME FAIS TOUNDRISER LA TEUCHA POUR L’ÊTRE AIMÉ ? POUR FACILITER LE BOULOT DE MA GYNÉCO ? HEIN ? *

Mais bon. Forcément, comme je ne suis pas très sociable, je me suis contentée d’un « heu… oui…». 

Et le vrai drame dans tout ça, c’est que quand tu commences à te faire ratiboiser le frifri, tu ne peux pas vraiment dire que tu as changé d’avis à un huitième du parcours. C’est un peu comme dire à ta coiffeuse que tu as changé d’avis à la moitié de ton carré court… Ben ouais, t’as l’air con. Et puis, même si je te l’accorde, personne ne le verra, toi, à chaque fois que tu marcheras, t’assoiras, nageras, te doutcheras, tu le sentiras bien que t’es pas finie du frifri.

J’ai donc pris une grande inchpirchme et j’ai laissé à Katy le soin de me finir. Parce qu’elle m’a bien fini, ça oui. À la pince à épiler. Tu crois que c’est bizarre qu’elle te mette de la cire à cet endroit Katy ? Attends qu’elle penche sa délicate tête décolorée d’esthéticienne à 5 cm de ton frifri pour te finir à la putain pince à épiler… En te parlant l’air de rien de la pluie et du beau temps. Comme si c’était hyper naturel pour toi de parler à… ben de parler à ta chatte en fait ! tout simplement ! Entre nous, j’ai été super contente d’aller chez l’esthéticienne juste avant le taf, juste après ma doutche.

*Non mais franchement, c’est pas un boulot facile esthéticienne…*

Au final, je me suis retrouvée avec une bande de poils ridiculement étroite sur le devant. Ticket de métro mon cul ouais !  ça doit être comme le coup de la grenouille, je dois pas parler comme tout le monde. Ticket de métro en fait, ça veut plutôt dire « la bande magnétique du ticket de métro ». Mais c’est trop long alors ils ont raccourci en louzdé ces bâtards.
Et tu crois que c’est fini toi ? Non point ! Rappelle-toi ce qu’elle m’a demandé Dadame à l’accueil :

flash-back au comptoir d’accueil : 

«- On vous fait l’inter-fessier aussi ? c’est inclut dans l’prix ! 
- heu… oui.»
 Donc tout naturellement, Katy me dit :

« - Alors, pour l’inter-fessier, on va se retourner et va écarter ses fesses avec ses mains
- … heu… oui… »

*Ha ouais ! t’as raison Katy, on va faire ça ! toi et moi, ça sera chouette, je nous imagine bien toutes les deux comme deux connes avec nos mains sur nos fesses : Allez, tous ensemble, on se retourne et on s’écarte le cul ! woohoo ! ouais ! et on garde le rythme !*

Mon dieu maman… Donc l’inter-fessier, tu l’auras compris, tu te retrouves comme une conne avec la face dans la table d’épilation parce que t’as les mains occupées à… voilà voilà. Avec… ? avec de la cire autour de ton trou de balle pour un dernier scratch.

*Non mais sans déconner ? on a des poils jusque là ?   o_O   *

« - Ha ben en fait, on aurait pu s’en passer de l’inter-fessier ! regardez, j’ai rien sur la bande ! »

*Ha ben oui tiens, montre moi la bande, j’en mourais d’envie Katy ! JE SAIS, ON VA MÊME L’AFFICHER À L’ACCUEIL TIENS PENDANT QU’ON Y EST !*


Ma vie a jusqu’à présent été parsemée de grands moments de solitude. Mais je dois dire que là, je me suis surpassée. Ça a beau se passer dans l’intimité d’un salon d’épilation, j’ai quand même dû bien faire marrer la cliente de la cabine d’à côté… 

Je suis donc allée au boulot ce matin là, avec « j’ai 10 ans » d’Alain Souchon dans la tête… sic.

-«  Salut jAne !
- Salut, ça va ?
- Ouais et toi ?
- Ça va !
- T’es sûre ? tu marches bizarrement ! tu t’es fait mal ? »

*   maman…       T_T      *


Allez, bisous, bon weekend !



____over ant outch____


jAne.

mercredi 3 avril 2013

t'as d'beaux yeux tu sais. Ouais, je sais.



Avis à vous mesdemoiselles et mesdames, cette note s'adresse directement à vous.
Avis à vous messieurs, cette note s'adresse directement à vous aussi.

Et ce, je tiens à le préciser, sans m'adresser à vous de manière unilatéralement hétérosexuelle.

Car aujourd'hui, je vais te parler des baisers. Plus exactement des premiers baisers. Tu sais, ceux de quand tu rencontres quelqu'un. Pas les premiers baisers d'ado, ça, dieu merci on a assez galéré, point n'est besoin d'en parler.

*Et on a beau dire ce qu'on voudra, je ne sais pas toi, mais moi j'ai toujours du mal quand je suis avec quelqu'un à renoncer à tout jamais à ces premiers baisers. Même si paradoxalement, je HAIS ces débuts de relation.*

Donc embrasser quelqu'un. Sur la boutche. Avec la langue. Déjà une première constatation, maintenant que voici la trentaine entamée : qu'en est-il de la bonne vieille pelle de pré-ado ? Parce que c'est là que tout a commencé. C'est depuis cette putain de première pelle qu'on est perdu à tout jamais. Est ce que ta première pelle conditionne tes premiers baisers à tout jamais ? Trop parfaite, elle ne laisse la place qu'à de pâles copies, trop foirée c'est être condamnée à apprécier même la pire médiocrité ? Je ne sais pas toi, mais moi, quand je me suis mise à vouloir qu'un garçon pénètre ma bulle sociale au point que ses lèvres touchent les miennes, pire, que sa langue touche la mienne, ça a foutu un bordel sans nom dans ma vie. Et depuis que j'ai passé le cap de la pelle de pré-ado, ce bordel reste à ce jour innommable. Parce que j'en ai eu des lèvres qui ont touché les miennes.

*Non, je ne vais pas te dire combien exactement, juste c'est à peu près entre 2 et 371. Oui c'est vague. Qui est capable de dire combien de personnes il a embrassé dans sa vie ? Pas moi.*

Et pour moi, bizarrement, souvent, embrasser quelqu'un, c'est plus intime que de me faire pénétrer par elle.

*J'ai dû être prostituée dans une vie antérieure, je ne me l'explique pas autrement.*

Et donc, de toutes ces personnes que j'ai embrassées, ou qui m'ont embrassée, persistent 3 Questions Cruciales De La Mort (autrement appelées les QCDLM) :

QCDLM 1_ qu'est ce qui fait le bon baiser ?


QCDLM 2_Ha mais en fait, tu voulais m'embrasser ?!


QCDLM 3_MAIS PUTAIN JE PEUX SAVOIR À QUOI TU JOUES LÀ ?! (plus connu dans l'ère 2.0 sous "WTF" pour "WHAT THE FUCK ?"

Et parce que je suis extrêmement logique, on va commencer par la 2. Parce que oui messieurs, je suis désolée mais primo, je ne suis pas féministe pour 2 sous, deuxio, à peu près une fois sur un, chez moi, avant que je comprenne qu'une personne a des idées pas très catholiques derrière la tête en pensant à moi, ça peut prendre un moment. Donc c'est bien à vous de vous mettre à nous embrasser en premier.

*D'où le grand moment de solitude le jour où comme dirait Katy, i kissed a girl (mais je ne dirai pas si j'ai liké ou pas). Celui où tu te retrouves comme une conne avec ton "han mais nan, c'pas à moi de faire le premier pas, je suis la fille merdeuh !"*

La QCDLM numéro 2 donc qui fatalement induit cette notion de premier baiser avec une autre personne. Ce premier baiser qui, à priori, laisse la porte ouverte à plein d'autres avec cette même personne. Ou pas, ça dépend si tu donnes ton vrai prénom / numéro. Donc tu vois bien le moment crucial qui flotte devant une porte cochère, après s'être frôlés pendant 2h au ciné, quand tu lui dis aurevoir pour la 12ème fois après avoir rallumé 4 fois la minuterie du hall, et j'en passe... Et quand, finalement, le hombrè prend le taureau par les cojonès et finit par s'approcher dangereusement de ton visage, à ce moment, je me pose toujours cette terrible question : Ha mais en fait, tu voulais m'embrasser ? Moi ? Pour de vrai ?

*Celle là et "oh merde, pour sûr de si près il a dû bien les voir mes méga pores dilatés non ? jAneGlamourToujours pour vous servir."

Je suis tellement lente à la détente que c'en est affligeant. Sérieusement. De toute ma carrière d'embrasseuse, je n'ai fait le premier pas qu'une seule et unique fois.

*Et encore, après moult débriefs de mes copines qui m'ont aidé à allumer mes warnings et décrypter les textos*

Et, il faut bien l'avouer, le moment parfait pour le premier baiser, il n'existe que dans les films (tu sais, là où t'as le chef op, le scénariste, le réal ET le chef déco). Donc, faut bien le dire, je suis détentrice incontestée de la palme du premier baiser foiré. Ces premiers baisers qui laissent la part belle aux souvenirs mémorables dont voici un petit best of :

#1 : le pleasure delayer. Cela fait TELLEMENT longtemps que même moi j'ai fini par comprendre qu'à un moment donné, il allait y avoir contact. Mais putain, jamais quand tu t'y attends. JA_MAIS. Donc forcément, maladroitement, ça merde. Variante : #1 : le partout SAUF sur la boutche (qui fini en bobo de nez).

#2 : le précipité. Opposé au #1, celui arrive beaucoup trop tôt, généralement imbibé (d'alcool) donc assez dégoulinant (de bave) et noyé dans un flot continu (de parole). autrement connu sous le nom de #2 : le BEURK.

#3 : le timide. Là, on oublie le hombrè délavéga, même si le mec tente une approche, il a pas bien les cojones del taureau en main donc bon... NDLR : messieurs (mesdames), ok, on est des princesses. MAIS on a regardé trop de films, donc on a besoin d'un minimum de  virilité dans le premier baiser.

*Va donc voir dans "L'auberge espagnole" ce que Cécile de France raconte à Romain Duris sur comment pécho une meuf. Elle, elle sait de quoi elle parle.*

#4 : sans les mains ! Parle de lui même, encore une fois, dans les films, le réal prends toujours le temps d'expliquer à l'embrasseur que c'est bien de toutcher aussi *un peu* l'embrassé. Sur la jawline, prendre l'embrassé(e) par la taille, etc... NDLR y'a quand même un juste milieu à trouver entre le "vas-y j'te plotLesEins" et le "heu... sur l'épaule comme ça, ça va mon aimée ?"

*Et oui, c'est parfaitement diffamatoire pour les manchots.*

#5 : le baiser de cinéma. LE putain de baiser de cinéma. Celui où TOUT, absolument TOUT est parfait. Le contexte : sous les étoiles, sur un canapé confortable, devant une porte cochère. Le mood : un peu pompette mais pas trop, après le 3ème ou 4ème rendez-vous, en vacances donc détendue et grave en confiance à cause du bronzage qui masque vachement bien mes pores dilatés, après juste ce qu'il faut de calinou pour que tu soies hyper péchopable. L'attitude : avec juste ce qu'il faut de mains, de lèvres, de sur la boutche, de ailleurs, de re sur la boutche, avec des poses.

*inévitablement suivi du foirage dans mon cas : une averse te pourrit la vue sous les étoiles, le canapé était en 2 parties et tu tombes dans le trou quand tu essaies de te redresser en prenant appui sur le morceau qui sert pour étendre tes jambes, un peu pompette et à cause de tes talons de 12, tu trébutches avec un gros bruit de ventouse...*

Ce qui nous emmène directement vers la QCDLM 1. Et là, c'est très vite vu, ce qui fait un premier baiser phénoménal, c'est :

a) que la personne qui vous embrasse soit la personne que vous voulez qui vous embrasse. Le beau Philibert a jeté son dévolu sur votre cousine qui a des seins et zéros pores dilatés ? Pffff. De rage, vous vous rabattez sur son cousin à lui Jean-Eude. Jean-Eude aura beau vous faire la totale, ça fera un gros flop. Et non, je vous vois venir, peut-être on pourrait avoir une bonne surprise ? Non. Si vraiment c'est Philibert qu'on voulait, mais que Jean-Eude se révèle être une bonne surprise, ça viendra aux bisous d'après. Et attention, petite précision sur la personne en question : qu'elle soit incroyablement vaginalement motocultable ou doté du sexappeal d'un bêta geek, ce n'est pas ça qui compte. Moi-même je fus bien souvent déçue du premier baiser d'un BEAU GOSSE DE SA MÈRE (sobre).

*Oui j'ai pécho du putain de beau gosse de sa mère ! Je me fais un devoir de tout tester.*

b) votre taux d'alcoolémie. Il faut bien se l'avouer, moult baisers ont besoin d'un petit coup de pouce. Mais attention au coup de pouce. Combien sommes-nous à être déçues mais TELLEMENT déçues des baisers de Philibert une fois sobres ? Hein ? Bon.

c) le monde de dans ta tête. Car oui, en vrai, peu importe où et dans quelles circonstances a lieu le premier baiser. L'enterrement de tata Jeanine, toute cette tristesse et BOOM, Jean-Eude te prend dans ses bras forts et t'embrasse en laissant un doux goût salé. Dans une rame de métro, un petit écart vous rapproche tellement que... oops, i did it again. Peu importe. Du moment que, dans ta tête, ça le fait, t'en as envie du bisou de cette personne, le contexte réel, on en a clairement rien à branler, te voilà chef op', réal et scénariste qu moment où tu racontes ça à tes copines qui feront un "wahou, tu vois, c'est tellement génial quand ça arrive comme ça, pouf !"

d) Un soupçon d'inattendu. Ouais, t'as bien lu. J'ai bien écrit ça. Force m'est de le reconnaître : les baisers où tout est joué d'avance comme sur du papier à musique, c'pas drôle. Attention, ne nous méprenons pas, ça peut être hyper chouette, mais laisser juste un peu (UN PEU on a dit) la place à l'inattendu, c'est le petit wahoo. Ce truc étrange qui fait que oui, ok, c'est bon, prépare la piste d'atterrissage, celui là il va aller direct au HomeRun. Et le petit wahoo, même si personnellement c'est mon pire ennemi, il fait parfois du bien.

*Mais comment j'ai lutté pour ne pas effacer ça.*

Nous en arrivons donc à la QCDLM 3. Et là, normalement, si j'ai bien fait mon boulot, 2 choses se produisent : primo tu as la chanson du générique "premiers baisers" dans la tête vu le nombre de fois où j'ai écrit "premiers baisers".

*Et si ce n'est pas encore le cas, maintenant c'est foutu. Allez. Mais si, tu le connais. Premiers baisers, échangés sur une ..... ? une plage en été mais oui ! Et si tu ne saisis pas bien la référence, ça veut dire qu'on n'est pas de la même génération et je viens de me prendre un sacré coup de vieux.*

Deuxio, ces énumérations t'ont rappelé pas mal de choses, et là, paf, on sort les casseroles. Mais attention, WTF un jour ne veut pas forcément dire WTF toujours. NON non non ! C'est ça qu'est relou avec les baisers, c'est que ce qui est bien avec l'un ne l'est pas forcément avec l'autre. Et inversement : grave erreur de débutant, embrasser 2 personnes de la même façon pensant que celle d'après aimera les même choses que celle d'avant ! Et même, ce truc que te faisait ton ex qui te faisait le wahoo, le nouveau aura beau ramer tout ce qu'il sait, rien, nada, que_dalle.

*Sauf si t'es en plein ménage à trois, mais là, je ne peux rien pour toi, c'est vrai, c'est difficile de switcher si vite entre 2 personnes !*

Donc je te fais mon best of de mes 5 pires lose, mais rappelle toi que ces même lose se sont révélées dans d'autres circonstances des wins.

#1 : GNÉ ?
Bé enfin Jean-Eude ! pourquoi ouvrir la boutche comme ça si c'est garder votre langue pour vous ?! Vous voulez m'avaler tout cru ou bien ?
Ou encore : mais putain qu'est-ce qu'il a à téter ma lèvre inférieure comme ça lui ? Il compte me faire ressembler à Lana ? Y veut une tétine ?

*Et ne fais pas semblant hein, critiquer en live, on fait tous ça.*

Et enfin : je peux savoir exactement ce que tu fous avec ta langue là ? et non, je ne parle pas d'une langue DANS ma boutche, mais sur ma face. Pas dans le cou nan. Sur mes putains de pores dilatés. Et pas une petite langounette légère non, un gros steak baveux rêche et malodorant.

*Et en fait, à bien y réfléchir, celui là ne s'est jamais révélé bien placé. J'ai rien contre les gens qui aiment ça. Mais ça fait trop gros Saint Bernard dégueu et je préfère les chats aux chiens.*

#2 : la Reine des glaces.
T'attends quoi pour me (ré)chauffer un peu là ? Je suis parfaitement pompette, parfaitement maquillée, parfaitement habillée, parfaitement ni trop loin ni trop près de toi, je ne fais que mater ta boutche depuis l'entrée, tous les astres on eu le temps de s'aligner parfaitement, j'ai fini par mettre la béquille (à mon vélo pour avoir les mains libres), j'ai parfaitement placé des petits oh et des petits ha depuis 5 heures (oui, trois cent putains de minutes), il fait -5° devant cette putain de porte cochère JeMePèleLesMichettes, j'ai dis bonsoir à la moitié de mes voisins de paliers et ça fait 3 fois que les lumières automatiques s'éteignent dans ce putain de hall d'immeuble. RHÂÂÂÂÂ MAIS DIS MOI QUE J'AI DE BEAUX YEUX ET JE TE VOUVOIERAI PUTAIN !

*mais en fait ton moi vicieux voudrait que ce moment dure toujours. Parce qu'un premier baiser, une fois consommé est à tout jamais envolé. Sur une plage en été. HAHAHA ^^.*


#3 : No, I don't want to marry you, i just want to...
*bisou* 
-"Nan mais attend, je crois qu'on va trop vite là Pénéloppe, je ne suis pas près à m'engager.
- ...
- ...
- HEIN ?! mais attends, calmes-toi, c'est juste un bisou ! 
- ouais mais pour moi ça veut dire beaucoup ! 
- HAHA et tu joues du piano debout aussi ?"
*bruit de la porte cochère qui se referme.* *traveling arrière de la caméra sur la jeune fille qui reste seule dans le hall. clic de la minuterie qui s'arrête.*
-" Nan mais attend, t'en vas pas ! Pas comme ça, pas déjà ! parle moi !"
*MOImoimoimoi fait l'écho*

#4 : C'est pas toi. C'est l'autre.
-"Ha Philibert, que vos baisers sont doux
- moi c'est Jean-Eude.
- ...
- ...
- haha heu mais oui bien sûr, je le sais bien Jean-Philibert ! non c'est juste que J'ai vu votre cousin passer et je... heu ...
- ...
- ...
- Adieu jAne !"

#5 : Oh Baby Baby, oops, you did it again, you played with my heart.
- "jAne, il faut qu'on parle. Je ne peux pas te donner ce que tu attends de moi. Ce serait mieux qu'on soit juste amis je pense. Je tiens vraiment à toi mais tu vois, pas comme ça. J'insiste, j'aimerais vraiment qu'on soit amis toi et moi. Ça me ferait vraiment chier de perdre le contact.
- Ok Jean-Eude ! "
*ellipse temporelle : quelques mois plus tard... jAne et Jean-Eude sont amis.*
- "Hey Salut jAne, c'est Jean-Eude, une toile ce soir ?
- Allez !
- 19h30 devant le MK2 quai de Seine ?
- it's a date mate !"
*19h20, jAne reçoit un texto de jEude : trop la flemme, viens on se fait un film à la maison, j'ai fait du pop corn. Réponse de jAne : ok j'arrive. 22H40, jAne et jEude sur le canapé devant le générique de fin*
- "CHATOUILLES !
- HÉ ARRÊTE jEUDE C'PAS DROLE HIHIHI"
*bisous* *re-bisous* *censuré*

*le lendemain matin*

- "Nan mais jAne, ne te méprends pas, j'ai eu un moment de faiblesse hier. Je ne veux pas te faire de faux espoirs, tu ne mérites pas ça. C'était une erreur, j'me sens coupable.
- No worries. Allez, je file, j'ai piscine."

*ellipse temporelle*

- "Hey Salut jAne, c'est Jean-Eude, une toile ce soir ?
- Allez !
- 19h30 devant le MK2 quai de Seine ?
- it's a date mate !"
*19h20, jAne reçoit un texto de jEude : trop la flemme, viens on se fait un film à la maison, j'ai fait un apéro dinatoire sans l'apéro. Réponse de jAne : ok j'arrive, j'amène du vin. 22H40, jAne et jEude sur le canapé devant le générique de fin*
- "CHATOUILLES !
- HÉ ARRÊTE jEUDE C'PAS DROLE HIHIHI"
*bisous* 

- "NON MAIS JE PEUX SAVOIR UN PEU CE QUE TU FOUS LÀ BORDEL ?!"



____over and out____.

jAne.