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jeudi 18 juin 2015

Avant, j'étais architecte #3 : rhèssousse revient, rhèssousse revient parmis les siens.


!!! Warning : parce qu’il m’est impossible de faire autrement, dieu n’aura pas de majuscule dans ce texte. Et parce que ça me fait marrer, le fruit des entrailles de la femme de Joseph sera nommé ici rhèssousse et non pas jésus.
*Sinon je vais encore avoir Genesis dans la tête pendant des jours. Merde. trop tard.*

 C’est mon blog, je fais tout qu’est-ce qui me plait.
Fin du warning !!!

Je viens d’avoir trente trois ans.

*HappyBirthdayToMe!!!*

C’est dingue le nombre de trucs que tu trouves sur google en tapant 33 ans. Déjà, c’est l’âge du christ (et Bruce Lee et Balavoine) Puis juste après, un article du Parisien : « 33ans, l’âge du bonheur ». Puis un de 20minutes : « 33 ans, l’âge du stress ? ». Puis tout un tas de faits drôles : on a 33 vertèbres dans notre corps, 3+3=6=nombre karmique. 33, nombre sacré selon Pythagore. 33, plus haut grade de la franc-maçonnerie.

Et justement, en parlant du christ, ça me donne envie de te raconter mes relations avec des gens souffrant de religion.

Donc je tiens tout de suite à te prévenir : ceci n’est en aucun cas une déferlante de haine anti-catholique. Ceci est simplement mon vécu personnel, ou comment cohabiter avec des personnes qui croient qu’un mec a créé l’univers en 6 jours, décida que c’était chant-mé, puis se reposa le 7ème jour, peut se révéler… intéressant.

*ou pas.*

Donc avant, quand j’étais architecte chef de projet dans une boite d’archi, mon patron était catholique. Genre catholique-catholique hein. étudié-avec-des-jésuites, marié-devant-dieu-à-sa-femme, père-de-3-enfants-baptisés-ceinture-noire-8ème-dan-de-la-communion catholique. Nous partagions nos locaux avec une autre boite dirigés par 3 architectes qui étaient les meilleurs potes de mon boss. Et catholiques aussi. Bien sûr.

*Pour te la faire courte, bosser un premier Mai pas de problèmes. Par contre, travailler le jour de pâques, de l’ascension ou pire, de la toussaint, dieu garde malheureuse !*

Donc Boss N°1, 2, 3 et 4, chefs d’entreprises d’architecture qui croient que les hommes sont fait à l’image d’un mec qui a décidé d’amputer sa création d’une côte pour lui faire une foufoune une femme parce qu’il s’emmerdait tout seul et que cette conne condamna ET la pauvre création ET l’humanité à vivre sur terre parce que, probablement sous champis de l’eden, elle a cru qu’un serpent lui disait de bouffer une pomme et à cause de ça, toutes les connes d’humaines en chient grave quand elles expulsent un fruit de leurs entrailles. Mais oui. 

*Je ne sais pas vous, mais je ne vois pas pourquoi après tout ça, personne ne croit que la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu.*

Ça m’a toujours intriguée la religion. Je me souviens, quand j’étais à l’école primaire, y’avait des enfants dans ma classe qui parlaient du catéchisme. Un soir en rentrant :
-«  Papa, c’est quoi le catéchisme ?
- c’est un genre d’école qui raconte aux gamins la religion catholique. Ou chrétienne.
- c’est quoi la religion catholique ?
- c’est dans la bible.
- c’est quoi la bible ?
- c’est ça. C’est un bouquin qui raconte comment un mec a fait l’univers et toute l’humanité et toutes les règles que les gens qui croient qu’il existe suivent pour le vénérer. Que si ils font bien tout ça, à eux les putes du paradis. Enfin je veux dire les vierges du paradis. »  Me dit mon père en me montrant une bible.
- « c’est quoi à côté ?
- c’est le coran. C’est là que y’a les putes en fait, pas dans la bible. Je veux dire les vierges. C’est comme la bible, sauf que les 2 mecs dont ça parle, ils ont pas le même nom. Mais en vrai, c’est un peu la même base. Et ces mecs, qui sont en fait le même, c’est un dieu.
- Genre Zeus et Poséidon de l’Iliade ?
- Zeus et ses potes, de l’Iliade c’est plusieurs dieux, polythéistes, du grec poly, plusieurs. dieu de la bible, c’est un seul dieu qui s’appelle de plein de façons différentes selon les religions et c’est monothéiste, du grec mono, un.
- Je peux les lire les livres ?
- Bah voui, mais bon, c’est assez long et chiant. Tu veux pas lire l’odyssée plutôt ?
- Je l’ai déjà lue. Sinon tu peux me raconter la guerre de Troie encore ?
- Tiens, me dit mon papa en me donnant la bible, La guerre de Troie, ça fait 20 fois que je te la raconte ! »

*Je ne le dirai jamais assez, j’ai des parents formidables. Qui eux-mêmes ont une bibliothèque merveilleuse. Franchement, quand je repense au nombre de fois où j’ai saoulé mon père avec la guerre de Troie, des questions à la con, et la façon dont il avait réponse à presque tout, je trouvais ça formidable.*

Bim ! je me suis donc tapé la bible et le coran vers environ 10 ans. Juste avant le journal d’Anne Frank. Je m’en souviens parce que du coup, après, je me suis renseigné sur les juifs, les bouddhistes et tout et tout. Mes préférés restèrent, restent et resteront Zeus, Poséïdon et toute la clique.

*Ce n’est pas nouveau, petite, j’aimais les livres. Pas les gens. Je veux dire les enfants. Les gens non plus d’ailleurs. Je lisais donc beaucoup*

Je te rassure, y’a des passages de la bible que j’ai passés. Je ne saurais pas te ressortir précisément, mais je me souviens notamment d’un passage ou en gros, ce n’était que « un tel et tel ont engendré machin qui avec bidule… ». Bien relou ce passage. Mais globalement, j’ai pris ça comme un livre d’aventures extraordinaires avec plein de héros qui faisaient des trucs de magie de oufs. 

*Mais ça ne vaut tout de même pas un bon Tolkien ou l’île de Ji.*

Voilà. Et puis à un moment donné, quelques années plus tard, j’ai compris que ces trucs de magie de ouf, y’a des gens qui y croient. Des adultes. Qui éduquent leurs enfants dans la foi. Genre « il était une fois Moïse qui a fait s’ouvrir la Mer Rouge en Deux pour sauver son peuple. La Mer Rouge. Une mer d’environ quoi, 2 000 km de long, bim, ouverture, passage, fermeture. Tout ça pour sauver les mêmes mecs que les nazis essaieront de réduire en fumée des siècles plus tard.

*Sans mauvais jeu de mots. En même temps, ça explique pourquoi hitler en voulait aux juifs : y voulait niquer sa mère aux pouvoirs magiques de l’ouverture des eaux de la mer rouge pour pouvoir envahir le monde pénard !*

Et puis au collège, une copine à moi me dit 
- « allez viens avec moi, je vais au pèlerinage chrétien à Notre-Dame du Lot avec truc et machin, ça va être trop cool !
- Je ne peux pas, je n’ai jamais fait de catéchisme.
- Mais on s’en fout, faut juste s’inscrire, payer le voyage à l’aumônier et zou ! Une semaine de colo entre potes ! »

*Ouais, à un moment au collège, j’ai eu une copine qui, elle, était sociable et me proposait des trucs à première vue sympa avec des gens. Je veux dire des teenagers.*

Me voilà donc partie en pèlerinage chrétien d’une semaine. 
Par tous les dieux et leurs putains. 
Mais qu’est-ce que qui m’a pris ce jour-là de vouloir faire ce truc ? Une semaine avec les crétins hormonaux de service de ma classe encadrés par des adultes vivant dans un monde où tout n’est que joie et amour. La messe ? Tous les matins. Le bénédicité ? Avant chaque putain de repas. Et le soir ? Réunion autour du feu, CulBéni N°1 à la guitare et tout le monde en chœur chante « nous vous annonçons la foi, la foi en rhèssousse, clap dans les main, événouchalom allez Rem. ».

*Oui oui, t’as bien lu. la foi en rhèssousse, événouchalom allez rem dans la même chanson, oui oui.*

Cette putain de semaine fut la plus longue putain de semaine de ma vie jusqu’alors.

*Et parce que ma mémoire est infaillible, je suis capable encore aujourd’hui, 18 ans après, de te servir le putain de notre père et l’ave maria de sa mère sur un plateau avec une allocution digne de Fabrice Luchini. En toute modestie.*

Donc c’est bon. La religion, je connais. Je veux dire je sais pourquoi j’ai choisi de ne pas y croire. Je sais pourquoi je me définis comme athée pure et dure. Il n’est d’ailleurs pas faux de dire que je suis une extrémiste de l’athéisme, voire même de l’agnostisme/apathéisme, bien qu’il faut que je creuse encore les subtilités de ces termes barbares que je n’ai jamais pris la peine de creuser comme il faut.

Donc je ne crois pas en dieu, je ne crois pas que l’argent fasse le bonheur, je ne crois pas qu’il arrive quoi que ce soit après la mort, je ne crois pas que nous ayons une âme, je ne crois pas qu’il y ait un enfer, je ne crois pas que chacun de nous a sa moitié quelque part. Je ne crois en rien de spirituel. Tout ça, pour moi, c’est un gros tas de caca. Un tas de caca en stade de décomposition avancée. 

*Par contre, je crois qu’il y a des gens assez cons pour penser que leur religion est mieux que celle de leurs voisins, et que sous ce prétexte, ils vont leur mettre sur la gueule plutôt que de leur foutre la paix. Que cette religion soit le catholicisme, le pétrole, l’argent, le pouvoir, le cul d’Hélène. Tout ça, même combat.*

Donc laisse tomber l’ambiance avec les boss de l’agence quand par hasard, on partageait des moments hors contexte du travail. 
Laisse tomber les discussions entre 4 catholiques pratiquants et une athée un peu trop spontanée :

#1. Jesus n’existe pas voyons !
Je me souviens notamment d’un déjeuner où je ne sais pas pourquoi j’en viens à poser la question suivante :
-«  Mais par exemple, si on demande à chaque individu de la population mondiale de citer une personne connue, genre tout mélangé hein, pop culture, histoire, explorateurs de géographie, politique et tout et tout, ce serait qui ? Et je parle de la population mondiale de notre civilation hein, pas genre les tribus de Papouasie ou les aborigènes d’Australie. Moi je pencherais pour hitler.
- Mais non voyons, c’est rhèssousse !
- Nan mais je veux dire, quelqu’un qui est réel, qui a vraiment existé, qui a marqué l’ensemble de l’humanité et tout quoi ! du même acabit que Christophe Colomb, John Lennon ou bien hitler tu vois. Un mec qu’absolument chaque humain faisant partie de notre civilisation de merde sur cette planète connait.
- Et ben ! rhèssousse j’te dis.
- Mais non, j’ai dit quelqu’un de réel ! qui existe et ne soit pas rattaché à une forme de religion ! rhèssousse n’existe pas voyons ! je veux dire, oui, y’a ptêt un mec genre rhèssousse qui a existé, mais le rhèssousse qu’on emploi aujourd’hui ne fait pas référence au vrai mec qui a vraiment existé, mais à l’espèce d’idole à la con qu’on en a fait. Genre moïse quoi. » 

Oh. Pu. Tain. Qu’est ce que j’ai pas dit là. Sans déconner, leurs têtes à ce moment-là, c’était génial. Genre Dory dans Finding Nemo. Limite s’ils ne m’ont pas fait me laver la bouche au savon après s’être signé 33 fois. (Parce que Rhèssousse a accompli 33 miracles). J’aime autant te dire que j’ai coupé court à la conversation. Non pas parce que je suis lâche hein, mais parce que dans ces cas-là, forcément, je suis une brebis égarée qu’il faut absolument convertir. Et ça me gonfle. Et je finis par être désobligeante. Et ces gens étaient quand même mes boss.

#2. Ptêt’ je bouffe des chattes hein, t’en sais rien !

À un moment donné, une femme formidable nommée Christiane Taubira a proposé une loi autorisant 2 personnes qui s’aiment à se marier, fonder une famille et avoir des enfants. Suite à cette idée formidable, une énorme bande d’humains soi-disant pleins de compassion et d’amour ont vomi leur haine et leur intolérance dans les rues de notre belle capitale.

(petite parenthèse : je ne comprends pas pourquoi les homosexuels ont besoin encore aujourd’hui de préciser qu’ils sont homosexuels. Enfin si, ça je comprends. Je veux dire : je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui encore, notre civilisation considère que 2 personnes du même sexe qui s’aiment, c’est pas la même chose que un pénis et une foufoune qui s’aiment et que donc, il faut qu’ils le précisent qu’ils ne sont « pas pareil ». Et que les personnes à qui ils le disent soient étonnées, choquées ou effrayées. Sans déconner. C’est de l’amour à la base tout ça non ? En quoi c’est pas la même chose entre un pénis et une foufoune et 2 pénis ou 2 foufounes ?!)

Donc bref. La première de ces manifestations de haine a eu lieu un dimanche.

*Mais après la messe hein, faut pas déconner les gars ! J’ai pas envie de brûler en enfer à cause de ces immondes enfants de lucifer !*

Le lundi suivant, de bon matin, devant la machine à café, un des boss de l’autre agence tente de parler à mon cerveau pas encore caféiné :

-«  Ha ! C’était sympa hein cette manif hier, les enfants ont a-do-ré ! C’est vrai qu’on oublie à force la beauté de Paris ! et pour une noble cause en plus !
- Rho non, c’est encore le café pas bon parce qu’on a oublié de racheter le café qu’est bon…
- Tu étais dans quel coin du cortège toi ? Nous on était plutôt à la fin, avec les enfants, c’était plus pratique. Avec boss N°1, sa femme, les enfants et boss N°2. Ha mais j’y pense, on aurait même pu y aller tous ensemble ! C’est con ! »

Là, même sans café, mon cerveau a connecté. Ce mec était absolument convaincu que j’étais aussi homo-intolérante que lui. Genre l’évidence qui tombe sous le sens se lisait sur sa face de propret petit catholique. Rappelle-toi jAne, dieu est amour, ce mec a un bon fond. Ce n’est pas parce que tu ne partages pas ses putains de croyances à la con que ton cerveau pas encore caféiné doit lui sauter à la gorge.

-«  Comment ça tous ensemble ? Bah tu viens de dire que tu étais avec Boss N°1 et 2.
- Non mais je veux dire toi et les autres salariés de l’agence, on aurait pu la faire tous ensemble la manif, c’est bien pour l’esprit d’équipe ! Ça nous aurait même donné l’occasion de croiser ce mystérieux jeune homme dont tu nous parles si peu !»

*J’ai attendu 5 secondes, histoire de lui laisser le bénéfice du doute. J’ai laissé son rhèssousse de mes deux faire son intervention divine à la con et décidé que sa phrase suivante déclencherait ou non la cartouche que je m’apprêtais à lui balancer.*

-«  Ça te fait pas quelque chose toi de savoir que tu étais parmi ces milliers de gens à se battre contre cette loi horrible quand même hein ? Moi ça m’a fait quelque chose hein ! pfoulala ! Ça me donne encore les frissons ! Non mais t’imagines un peu ? Des pédés qui se marient en France ? Et après c’est quoi hein ? Des pédés qui adoptent ?  Tu te rends compte un peu l’avenir pour nos enfants ? Et d’ailleurs, en parlant d’enfants, tu y penses toi ? Parce que bon, tu sais, le temps passe hein… »

*Cible verrouillée. Détonation dans 5. 4. 3. 2. 1. Détonation.*

- « Quoi ? C’était hier la manif ? Mais naaaaaaaaon, chuis trop dèg de sa mère putain ! J’étais sûre que c’était dans 2 semaines moi. Je t’assure, j’ai checké encore vendredi, c’est bien dans 2 semaines la manif ? J’avais prévu une pancarte avec mes potes et tout ! »

*NDLR : la manif dont je parlais, c’était celle en faveur de la loi bien entendu. A laquelle je suis allée bien entendu. Qui effectivement eut lieu 2 semaines après le cortège de crétins en rose, tristes suiveurs d’une pathétique has-been portant un pseudo encore plus pathétique que son tube « fais-moi l’amour avec 2 doigts ».*

- « Attends, je vais regarder, peut-être que tu as vu la prochaine manif, mais il me semble qu’elle est prévue dans 3 semaines ! Et celle-là, c’est sûr, on y va tous ensembleuh tous ensembleuh hey ! » s’exlama Boss N° 3 plus excité qu’un puceau le soir de sa nuit de noces.

Il regarda sur son portable. 

- « Mais non, tu as confondu, dans 2 semaines, c’est la manif en faveur de la loi ! » Dit-il en la regardant d’un air indulgent.
- « Ha ouf ! C’est bien ce que je me disais aussi, je savais que je ne l’avais pas loupée ! Merci, tu m’enlèves une épine du pied ! » dis-je en lui posant ma main sur son bras.
- « Mais comment ça. Attends, mais non, tu ne peux pas aller à celle là de manif !
- Ben pourquoi ?!
- Mais parce que… parce que…! » s’exclama-t-il avec effroi en échappant à l’emprise de ma main impure, instrument du démon.

*C’est alors que rhèssousse se décida à intervenir de façon divine et à aider les neurones de ce brave homme ô combien tolérant et plein d’amour à se connecter entre eux.*

Et l’enfant de satan de lui répondre :
-«  Alors déjà, petite précision : toi et moi on travaille ensemble. Même pas en fait, toi et moi, on partage les mêmes bureaux, la même machine à café, les même putains de chiottes. C’est tout. Ce que je fais de mes weekends ne te regarde pas. Ce que tu fais de tes weekends ne me regarde pas. Tu décides de partager avec moi un instant de grâce de ta vie. Je comprends, il est difficile pour la plupart des humains de se tenir dans la même pièce qu’un de ses congénères sans interaction sociale. Donc tu décides de me faire part de tes convictions politico-religio-personnelles dans une envie soudaine, et fort étrange à mon avis,  de créer des liens. Mais la prochaine fois que tu décides de faire ça, tu devrais faire gaffe. Ptêt que moi aussi tout ce que je veux, c’est me marier avec la femme que j’aime, que ce que je possède lui soit légué sans problème légal si jamais je décède. Ptêt que je veux des enfants avec elle. Des enfants reconnus par mon pays comme NOS PUTAINS D’ENFANTS À TOUTES LES DEUX. Qu’est-ce que tu sais de ma vie, de mes convictions personnelles hein ? Ptêt je bouffe des chattes hein ! T’en sais rien ! »

Oh. Pu. Tain. Qu’est-ce que j’ai pas dit là. Sans déconner, sa tête à ce moment-là, c’était génial. Genre Dory dans Finding Nemo le retour. Genre limite, le mec, il a pas filé fissa à son bureau appeler de toute urgence le père Mescouilles pour un exorcisme.


Cela va sans dire, depuis cette conversation, ma relation avec les boss de l’autre boite n’a plus jamais été la même. Je ne comprends pas pourquoi. Vraiment. Pourtant, on m’avait dit que dieu est amour qu’il faut pardonner à son prochain. Mais bon, après tout, qu’est-ce que j’y connais moi à la religion, pauvre mécréante…

____over and out____

jAne.

lundi 27 octobre 2014

Avant, j'étais architecte #2 : un an plus tard.

Oui, virgule, je sais, virgule, je sais, point. 
Ça fait un nombre honteux de mois que je te laisse sans nouvelles, pardon.



*Non pas que tu t’inquiètes, hein, je le sais bien. Mais quand même, avoue, je te manquais un petit peu !*

Bon, alors, comment ça va depuis le temps ? Bien ou bien ? Parce que moi, ça va bien un truc de l’au-delà de ouf, je te raconte pas ! Je me décide à reprendre la plume de mon clavier pour un billet pas très drôle (mais t’inquiète, promis, ça va venir !). Pas très drôle dans le sens où je ne vais pas te raconter un épisode trop la honte, mais un épisode «  beaucoup trop de joie ». Donc si ce n’est pas ta came, attends le prochain parce que je vais te dégouliner de bonheur dessus pire qu’un cupcake au soleil, qu’une fin de Walt Disney, plus immonde que la plus rom-com de toutes les rom-com du cinéma américain. En un mot, je suis HEUREUSE. Pourquoi ? ben à ton avis…





….


…huhu… hein ? à ton avis ! … allez… devine…



Ben écoute, ce n’est pas à cause d’un mec. Pas à cause d’une fille. Pas à cause de ticket gagnant à l’Euromillions ou d’un voyage sous ecsta à Goa. 

Non point.

Si je suis en surkiffance de la vie, c’est à cause - ou plus grâce- à Moi.

Je ne sais pas si tu avais suivi un peu mais cela fait aujourd’hui un an tout pile que j’ai envoyé balader pas mal de choses dans ma vie. Notamment mon boulot ce qui, finalement, constituait il y a encore un an, une grosse partie de mes journées. 

Reprenons les choses dans l’ordre : il a y 10 ans, je débarque à Paris pour continuer des études d’architecture aps 4 ans détudes d’architecture intérieure. 

*plus c’est long, plus c’est bon ? … pas forcément.*

Après 5 années d’études et de boulot à temps partiel dans le milieu, me voilà diplômée architecte d’état (dans la douleur et les larmes). Encore une année et me voilà « HMONP » (terme barbare que Google te traduira). Encore 3 ans et pouf, je signe un CDI dans un cabinet en tant que chef de projet architecte junior. Consécration ultime en ces temps de crise, joie de la grand-mère de savoir que sa petite-fille a si bien réussi dans la capitale.

Oui mais voilà… Tu le sais très bien puisque tu suis assidûment mes aventures, l’architecture, je lui ai dit d’aller se faire voir ailleurs (gentiment hein)

Et après ? Et bien après, j’ai entrepris de changer de métier. Mais avant d’avoir  (spoiler alert) réussi à changer de métier, je vais t’expliquer quelques trucs à savoir…

truc #1 : de la chance d’être bien entourée.
Quand j’ai voulu démissionner, j’avoue, j’ai eu un peu la trouille. J’ai mis 6 mois avant de mettre le doigt dessus et encore 2 mois à en parler à mon boss et puis 3 mois avant de vider mon bureau. Et dans ce laps de temps, j’ai échangé moult fois mes doutes avec mes bien chers tous. Et vous savez quoi ? Pas un, je dis bien pas un, ne m’a répondu un vilain « pfff… arrête la crise d’ado jAne, à 30 ans c’est fini là, t’es en CDI c’est la crise, sois raisonnable ». 
Non point.
À la place, j’ai eu des « c’est marrant, ça te ressemble bien plus », des « Non mais écoute ma fille, tu préfères quoi ? des regrets à 65 ans et le sentiment d’avoir loupé ta vie ? Essaie, si ça ne marche pas, tu as toujours ton bagage d’architecte, si ça marche, tu seras heureuse. C’est pas si grave ça, non ? », ou encore « mais ouais putain, moi aussi j’en ai trop marre de tout donner à un boulot où t’as zéro épanouissement perso, quitte à galérer, autant que ce soit pour nous aider à nous épanouir merde ! Demain, je pose ma dem’! ». Et mon préfé « tu sais, avec ta mère, ça fait un moment quand même qu’on se disait qu’architecte, ça ne rimait pas bien avec jAne »…
Mes biens chers tous, un grand merci. Dans les moments de doutes (et il y en a eu moult), vous avez toujours été là pour m’encourager, me responsabiliser face à mon choix, mais surtout, m’aider à croire en moi.

*séquence émotion*

truc# 2 : annoncer à ton boss que tu vas démissionner, toi, celle qu’il présente comme son bras droit auprès des gros clients de la boite.
Et ben comme quoi, tout peut bien se passer. Parce qu’il l’a très bien compris mon boss, que j’en avais ras le casque de chantier de ce travail. Que les mêmes blagues devant la même machine à café, les mêmes phases de projet, les mêmes questionnements DÉBILES des clients, ce n’était pas pour moi. Il l’a tellement bien compris qu’il m’a même proposé une rupture conventionnelle parce que « je ne paye pas des charges pour rien, Dieu m’en est témoin, autant que ça te serve à toi, mon bras droit »

*oui, mon ancien boss est catholique et pas rancunier… séquence Djizeus he knows me, and he knows i’m right.*

truc #3 : se confronter à la réalité.

Confrontation financière : en tant que salariée, je touchais 2050€ net par mois, un rythme de travail à chier, certes, mais des récups et des congés payés. En tant que chômeuse, je vais toucher … 1450€ (les mois à 31 jours).
ha ouais… d’un coup, là, c’est pas la même vie. Je vais toucher 600 boules de moins tous les mois avec le même loyer, les mêmes impôts, les mêmes amis depuis longtemps dans la vie active…

*séquence goutte de sueur devant l’application de la Caisse d’Epargne*

Confrontation professionnelle : je vais repartir de zéro. Je vais redémarrer tout en bas de l’échelle et vais devoir faire mes preuves, avaler des couleuvres, découvrir des trucs que je ne sais pas faire. Je vais devoir convaincre des gens que oui, je suis trop motivée et sérieuse et cap’ de faire ça, regarde un peu comme il est trop beau mon book. Et quand je vais décrocher un job, je vais me retrouver au même niveau que des gens nés en 1990. EN MILLE NEUF CENT QUATRE VINGT PUTAIN DE DIX. Genre quand j’étais en terminale, ils étaient en CM2.

*séquence ride du lion*

Confrontation quotidienne : je vais être au chômage. Je vais faire partie de ces profiteurs de la société française, une de ces glandeuses payées à ne rien foutre. Je vais devoir déclarer chaque mois que je n’ai pas travaillé, et que je suis toujours à la recherche d’un emploi, siouplé donnez argent. Je vais cesser toute activité professionnelle. Genre je me lèverai le matin et je n’aurai nulle part où aller, mon téléphone pro va arrêter de sonner, ma boite email pro va être désactivée. Quand on me demandera en soirée « étoitufékoidanlavie? », je serai obligée de dire que bon, je suis en pleine réorientation professionnelle par ce que tu comprends… heu… ouais, je suis au chômage ouais… mais en fait je fais plein de trucs quand même… ha… il est parti…

*séquence petit chat mouillé dans une ruelle sombre*

Confrontation ultime : et si ça ne marchait pas ? Si tout ça, c’est juste une crise de trentenaire bidon ? Qu’est-ce que ce sera après cette nouvelle lubie? Rouleuse de cigares à Cuba ? MAIS N’IMPORTE QUOI JANE, PUTAIN, ÇA VA PAS OU QUOI ?! 
Alors ce qui est dinque avec la confrontation ultime, c’est que plus elle est violente, plus la réaction de mon moi-même du fort intérieure des tripes était calme. Un peu comme ça :
RHAAAAHHAAAA OUOZFVPH ÙOQHIBÙQ<v  PUTAIN ÇA NE MARCHERA JAMAIS, C’EST N’IMPORTE QUOI ARRÊTE DE RÊVER ON N’EST PAS DANS UN FILM PAUVRE CONNE COMMENT TU VAS FAIRE POUR PAYER TON LOYER, MAIS QU’EST CE QUI TE PRENDS BON SANG ? Ben écoute, il ne me prend rien, c’est comme ça, c’est tout, je vais devenir 3ème assistante déco puis 2ème puis 1ère puis chef.

Bim, mouchée la voix de la raison. Et même dans les pires moments de doutes, jamais, jamais je n’ai eu envie de reprendre l’archi. Pas une fois je suis imaginée redevenir architecte. Un espèce de sentiment venu de mes trippes n’y croyait pas quand je me disais que peut-être ça ne marcherait pas.

*séquence I gotta feeling, woohoo.*


truc #4 : se concentrer et mettre à plat pourquoi jAne, mais pourquoi tu veux changer ta petite vie MAIS PUTAIN RHAAAA C’EST LES SOLDES CHEZ MELLOW YELLOW

Parce que je ressens plus de joie en voyant mon nom sur le générique du court métrage auquel j’ai participé un été que sur le tampon de permis de construire de Mr et Mme PavillonEnBanlieuAvecSurrélévation.
Parce que du plus loin que je me souvienne, être architecte ne m’a jamais suffi, j’ai toujours eu besoin de « faire d’autres trucs à côté pour moi » : être guide à la cinémathèque, faire des ateliers avec des enfants au pavillon de l’arsenal, écrire des notes de blogs à pas d’heure à la veille d’une réunion de chantier à 7h en banlieue, bricoler des petites choses avec mes mains, dessiner le story-board du prochain court métrage du frère… Alors que tous mes potes archis, eux, ils n’ont besoin de rien d’autre que leur boulot…
Parce que à la minute où j’ai quitté le bureau, si mon téléphone pro sonne, je ne décroche pas MAIS PUTAIN C’EST BON QUOI ILS ME SOULENT AVEC LEUR GRÈS CÉRAME DE MERDE alors ma copine archi répond à des mails pro sans broncher alors qu’on est en Inde.
Parce que je n’en peux plus d’avoir cette nana aux yeux bleus qui me demande « et si tu essayais vraiment de devenir chef déco dans le cinéma avant qu’il ne soit trop tard ?» dans le miroir de ma salle de bain tous les matins.
Parce que voir la dalle du rez de chaussée enfin coulée, pardon mais ça ne me fait ni chaud ni froid.
Parce que putain, mon plus grand plaisir de la semaine, c’est le jeudi quand je vais voir un film toute seule, que la salle devient toute noire et qu’un film me met des étoiles dans les yeux.
Parce que j’en ai marre de me sentir coupable de demander à mon boss mon vendredi après-midi en récup de la semaine à 60h que j’ai faite quand on a rendu le permis de construire de Mr et Mme PavillonEnBanlieueAvecSurélévation.
Parce que si je n’essaie pas, je ne pourrai plus jamais regarder en face la nana aux yeux bleus qui me demande « et si tu essayais vraiment de devenir chef déco dans le cinéma » dans le miroir de ma salle de bain tous les matins.

Et ça, c'est hors de question.

Et puis après tout ça, malgré tout ça, je l’ai fait. J’ai signé une rupture conventionnelle, je suis allée au pôle emploi, j’ai signé là, là, et là, j’ai fourni les papiers, j’ai eu un nouveau numéro à retenir par cœur. Je ne ta raconte pas le poids que j’ai senti s’envoler de ma personne le jour où j’ai fait mon dernier trajet en partant du bureau.

*séquence 2001 odyssée de l’espace*

Et alors, comment ça marche la reconversion architecte -> 3ème assistante déco ? Comme ça :

Primo : choper des contacts.

Pour choper des contacts dans la déco de cinéma, tu as 2 options : tu prends les coordonnées sur l’ADC (Associations des chefs décorateurs de cinéma) ou bien tu demandes à ton frère qui est régisseur adjoint à Marseille d’éplucher toutes ses bibles de tournages et de te donner ses contacts. Tu l’auras compris, j’ai choisi la 2ème.

Deuxio : préparer tout document utile à l’explication du pourquoi je contacte.
Il y a une chose que je sais faire, c’est montrer ce que je sais faire et expliquer pourquoi je leur montre ce que je sais faire. J’ai donc mis à jour mon cv et mon book pour la énième fois.


Tertio : contacter les contacts.
Perso, j’ai une approche en 2 temps : 
- une première prise de contact par email avec une petite pièce jointe graphique et un petit paragraphe de 5 lignes écrit en 3 semaines et soumis à 8 correcteurs. 
*l’approche courtoise*
- autant de relances téléphoniques que nécessaires pour décrocher un entretien en vrai pour montrer mon book.
*l’approche c’est encore moi, je suis désolée mais tant que tu ne décrocheras pas, je continuerai à t’appeler merci bisous*

Quarto : ne pas perdre espoir.
Dans le cinéma, en tout cas dans la déco, ça se passe comme ça : si qqn a un bon feeling avec toi, il aura envie de te faire bosser. Et pas bon feeling, j’entends bon feeling genre « non mais tu sais, dans le cinéma, on est tous une grande famille, des vrais amis ». Ha. Mais c’est à dire que mon surnom à moi c’est la reine des glaces et que je ne suis pas là pour me faire amis mais pour travailler.
*séquence gros mots*
Mais bon, comme j’adore parler de moi et que mon book est trop djoli, ça fait diversion et mes premiers contacts sont en général assez bons. Bingo, à chaque fin d’entretien, je m’entends dire « ben écoute ouais, c’est pas mal du tout ça, je ne doute pas que tu sois tout à fait apte à être stagiaire, relance moi de temps en temps et si j’ai un taf qui tombe, je penserai à toi ! Allez bisous ! » 
Encore faut-il qu’il/elle ait du taf… et le taf, dans le cinéma, c’est un peu comme le pot de Philadelphia dans le frigo :  d’un seul coup t’as une envie furieuse de Philadelphia alors tu cours t’en acheter et tu en manges un peu; puis tu l’oublies; puis tu retombes dessus en soulevant le sac de salade verte qui commence à défraichir alors tu en remanges et tu te rends compte qu’il est moisi alors tu le jettes.
Et puis tu attends. Tu attends que ton téléphone sonne, tu attends que le chef que tu rappelles réponde, tu attends ce sms qui te dira si finalement oui ou non la prépa pour tel film va démarrer ou pas.
*séquence all by myself*
Et tu essaies de ne pas perdre espoir. Personnellement, j’ai tenu bon pendant 7 mois. Soit très exactement 9 mois après avoir cessé toute activité en tant qu’architecte.
*séquence toutes mes potes font des bébés, moi toujours pas mais je suis quand même en gestation et pardon mais c’est tout aussi épuisant*

Quinto : le jour du cri primaire.
Suite à un alignement astral, je reçois un nouveau contact de la part du frère, je contacte le contact, je rencontre le contact, le contact me dit « hé mais ouais, j’ai une prépa qui démarre sous peu genre d’ici 10 jours grand max bingo je t’embauche dès qu’on démarre », TRENTE jours après, je reçois ce texto à 9h41 : « Bonjour jAne, si tu es disponible, j’aurai besoin de toi à partir de mercredi prochain. Bonne journée. LeChefDécoParQuiToutACommencéQuiAuraMareconnaissanceEternelle. »

*séquence cri primaire *

J’aime autant te dire que le 30 mai 2014 restera à jamais gravé dans mes têtes. Je te promets, j’ai eu l’impression que mon petit cœur de pierre se  mettait d’un coup à rebattre. Comme une renaissance.

*séquence roi lion*

Et depuis ? 
Ben depuis, quand je trinque, je dis « santé, bonheur, et 507 heures ! ». Depuis, j’ai bossé sur 2 longs métrages, rencontré des tas de gens différents, appris un nombre incroyables de choses, je fais des journées de 10h avec une banane pas possible.  Même que depuis peu, on commence à parler de moi à untel et on me recommande pour machine qui cherchait un renfort déco, on me dit d’appeler bidule de la part de trucmuche. C’est comme ça le cinéma. Ca va très vite. Au démarrage comme à l’atterrissage…

*Séquence garder la tête froide*

Je n’ai pas arrêté de rencontrer de nouveaux décos, je n’ai pas arrêté de remettre mon book à jour, je n’ai pas arrêté d’attendre que mon téléphone sonne, je n’oublie pas que je ne suis encore qu’une troisième assistante déco parmi moult 3èmes assistant(e)s déco. Je n’ai aucune idée de qui je vais croiser demain devant la machine à café, aucune idée de l’époque à laquelle se passera l’histoire du prochain projet, aucune idée de si je peux partir en vacances avec toi dans 6 mois, aucune idée de combien de temps je vais pouvoir rester en vacances dans le sud chez mes parents. Je ne sais absolument pas si je vais rebosser un jour en tant que 3ème déco. Je ne sais pas si j’arriverai à avoir mes heures. 
Par contre, ce que sais, c’est que j’ai arrêté d’être architecte/guide/animatrice/blogueuse/bidouilleuse/déco pour aider le frère pendant les vacances et les weekends. 
Ça oui. 
Maintenant, je suis technicienne du cinéma. Maintenant, laisse-moi te dire que de savoir que des gens vont voir ce film sur lequel j’en ai chié avec l’équipe pour finir le montage du décor à temps et peut-être passer une bonne heure et demie, ben ça me fait bien plus kiffer que de savoir que Mr et Mme PavillonEnBanlieueAvecSurrélévation seront bien contents du grès cérame de la cuisine pour les 10 années à venir.

*séquence dernière scène de l’auberge espagnole*

Mais y’a une chose que je sais, c’est quoi répondre à la nana aux yeux bleus dans le miroir tous les matins : « If you can dream it, you can make it. »

*séquence ultime cheesy Walt Disney*





____over and out____.


jAne.

mercredi 29 janvier 2014

Meveille du Quotidien #14 : Quand La Vie Fait De La Merde.

Hey mais salut ! la bonne année bien cher lecteur !

Comme tu dois t’en douter, me remettre à l’écriture assidue de notes de blog est une résolution que j’ai oubliée en 2013. Mais il y a peu, je l’ai retrouvée, alors bon, youpla boum.

Et pourquoi je l’avais perdue ? Et bien je ne sais pas trop à vrai dire. Je ne m’ennuie pas particulièrement en ce moment, mais c’est juste que je me suis tapé un blues de la note kiffante. Tu te rappelles l’histoire de l'épilation ? Cette note de blog a battu tous mes records de pages visitées. Cette note m’a tellement fait marrer. Alors après ça, je ne savais plus quoi écrire. Quel sujet aborder ? Retrouverai-je un jour ce ton si particulier qui m’habite lors de ces moments si précieux ?

*Ouais, on peut ne pas être écrivain et se taper une crise existensielle de l’écriture.*

Oui. je le retrouverai. Mais comme ce n’est pas tous les jours que je me fais épiler le frifri pour la première fois, autant assumer les jours où la vie fait de la merde. Ceux où ton corps fait du n’imp. Où ton esprit fait du caca.

Tu vois bien de quoi je parle hein ? Bon. Et comme, pour moi, le chemin menant à la note de blog au mojo de ouf passe par des best of, je suis sage et fais tout pour que ça ro-marche.

Voici donc après une introduction fort laborieuse, je te l’accorde, le best of de «quand la vie fait de la merde». Moments qui, une fois mis bout à bout peuvent devenir une journée cauchemardesque.

*Mais ne t’en fait point, les faits relatés ci-dessous ne me sont pas arrivés le même jour. Je donne suffisament de bon karma à mon étoile pour ne pas cumuler les combos désastreux.*

#1 QLVFDLM : bip bip bip fait le réveil, ronfle l’humain.

J’ai ouvert les yeux 4 minutes avant la sonnerie de mon réveil. J’ai traité mes yeux et me suis concentrée pour retrouver mon rêve et mon sommeil pour ces quatre putains de minutes de sommeil que je ne retrouverai jamais.

*JAMAIS*

Je me suis rendormie. Et là, ce fut le drame. Ne jamais, au grand JAMAIS lutter contre ton horloge interne. Parce que mon corps, ce gros bâtard, s’est dit : «Cool, on peut re dormir. Marcel, programme un nouveau cycle de sommeil, on relance la machine !». Même ton chat y croit et t’accompagne de son doux ronron.

Et là, que se passe-t-il ? Tu te réveilles 4 minutes après au son des infos de radio classique, te rendors, te re-réveilles à ta sonnerie de secours N°1 de ton téléphone, te re-rendors, te re-réveilles à ta sonnerie de secours N°2 de ton téléphone. Tu finis péniblement par t’extirper du lit après une demi-heure de lutte interne que tu as passée à calculer combien de temps tu peux gagner si tu ne te maquilles pas et que tu te fais un café à emporter et un croissant chopé à la boulange. Une demi-heure de stress à te réveiller en sursaut aux sonneries de rappel avec ce cri silencieux de ton cerveau «OH PUTAIN JANE, T’AS LOUPE TON REVEIL ! HA NAN C’EST BON, C’EST LA SONNERIE DE SECOURS!».

Bref, le meilleur moyen pour avoir ta tête profondément enfouie dans ton anus. C’est sa façon de te faire payer le doigt que tu as eu l’honneur de faire à ton horloge interne.

#2 QLVFDLM : J’ai oublié la batterie de mon vélo dans l’appart.

Tant bien que mal, Après avoir choisi de consacrer 5 minutes à assortir mes fringues entre elles plutôt que de foutre de l’anti-cernes.

*Ce qui est profondément débile : de toute façon, TOUTES mes fringues étant bleues, elle vont forcément être assorties, par contre mes cernes vertes, elles, jurent un peu avec mon teint gris*

Je sors de chez moi en enfilant mon manteau et mon sac.

*Mais putain, pourquoi ça ne passe pas ? ha... j’ai mis le sac avant le manteau...*

J’arrive dans ma cour d’immeuble, décroche mon vélo et mets la clefs dans le contact de la batterie.

Kling !

Comment ça Kling ? Pourquoi kling ? qu’est ce qu’elles foutent par terre mes clefs ? Ha. Merde. J’ai laissé ma batterie au bout du chargeur dans l’appart. OH PUTAIN MERDEUUUUUUH J’OUBLIE MA PUTAIN DE BATTERIE DANS L’APPART !

J’ai 8km à faire pour arriver au bureau, une réu en fin de matinée et la rue Saint Jacques à grimper, j’ai 30 ans, il est hors de question que je le fasse sans assistance électrique.

Mais le vrai drame, c’est que j’habite au 6ème étage. Sans putain d’ascenseur. Je regarde le ciel et traite mentalement ma bonne étoile.

Je regarde mon vélo, me résigne,  remonte, je prends ma batterie, je redescends. Je pue. Et merde, j’ai oublié de mettre du déo je crois bien.

#3 QLVFDLM : la phrase qui tue en réunion de chantier.

Tu es jeune. Tu es chargée du suivi de chantier et justement, c’est l’heure de la réunion avec les entreprises. Soyons clairs, étant une fille, il est souvent d’usage de subir un traitement «particulier» quand tu te trouves sur un chantier ou face à des BET. Et quand je dis «particulier», ça veut aussi bien dire en bien qu’en mal.

Et en l’occurence, sur ce chantier là, les entrepreneurs commençaient sérieusement à m’endormir. Genre c’est jamais de sa faute au pauvre petit. Et il commençait sérieusemenr à me les briser en commençant toutes les phrases par des «nan mais c’est parce que là...» quand je leur demandais pourquoi j’avais encore 32 réserves sur l’appartement N°15. Certes, je suis une fille mais mec, me la fait pas à l’envers, le carrelage de la salle d’eau, il aurait dû être fini la semaine dernière. Et je sais que la livraison s’est faite en temps et en heure et en bonne quantité, c’est moi qui l’ai passée pour pas que tu nous fasses croire que «nan mais tu comprends, c’est parce que là, c’est la faute au fournisseur»

*C’est DE la faute DU fournisseur*

Donc, arrivée à la fin de la visite, quand a commencé son énième «nan mais», j’ai pensé très fort :

*MAIS CA SUFFIT UN PEU AVEC TES «NAN MAIS» LÀ ! NAN MAIS TU NE VEUX PAS QUE JE TE TIENNE LA BITE AUSSI QUAND TU PISSES ? NAN MAIS PUTAIN !*

Un gros silence me fit lever les yeux de ma feuille de notes. L’entrepreneur me regardait avec des yeux écarquillés et l’ouvrier qui était à ses côtés avait la machoire inférieure au niveau des genoux.

- «Ben quoi ?
- Heu... Bien madame, on est désolés, on va finir le carrelage, ce soir promis c’est fait, je t’envoie la photo.
- Heu... ok»

*- Waou, mais qu’est qui vient de se passer là ? 
- Bah t’as pensé tout haut. 
- HEIN ? 
- Ben ouais. ta réflexion avec la bite, tu l’as pensée et dite à haute voix. 
- NON !
- Si. 
- Oh merde...*

Comme quoi une tête dans le cul et ton cerveau qui oublie de mettre ta boutche en mode mute, ça peut t’amener du bon. Je n’ai eu, par la suite, que de bonnes raisons pour expliquer ces putains de retards sur mon chantier.

#4 QLVFDLM : Le suicidé du métro.

Parle de lui même, pas la peine d’épiloguer, ça me fera 20 minutes de plus à regarder la vie sur un banc parisien en attendant que les quais de la 1 redeviennent praticables et 20 minutes de moins devant un écran d’ordinateur qui me donne ce si joli teint vert.

#5 QLVFDLM : La bruine de la fin de journée.

Me voilà enfin arrivée à la fin de ma journée de travail. Que dis-je ? de ma semaine ! ce fut dur, mais l’honneur est sauf et j’ai réussi à assurer un minimum. Je prends mon vélo pour rejoindre une copine pour un verre de vin bien mérité.
Parce que oui, les jours où la vie fait de la merde, c’est n’est pas que de ta faute complètement. Il faut bien que les éléments s’y mettent un peu sinon c’pas drôle. Et là, le ciel qui te promettait depuis ce matin une météo pas franchement youplaboum se décide juste quand tu sors à faire tomber un peu quelque chose. Pas de la vraie pluie non, ce serait trop simple d’être protégée avec ta cape à vélo. Non. Les jours où la vie fait de la merde, le ciel, y fait tomber des micro gouttes qui, parce qu’elles sont légères sont portées par les courants d’airs de la ville et font se foutre PAR DESSOUS ta caputche SUR tes lunettes / ta face. AKA la bruine. 

*Et bien sûr, ça te fait un espèce de masque de pollution parisienne sur ta face.*

Et ces jours là, bizarrement, je n’en peux plus de cette putain de bruine à la con qui me fait des frisottis. C’est toujours le même rituel : je lève la tête. Je constate que le ciel est uniformément blanc genre si tu prenais l’outil baguette madgique de photoshop, tu pourrais d’un coup sélectionner tout le blanc, le supprimer et le remplacer par du bleu. Je compte mentalement depuis combien de temps je n’ai pas vu un bout de ciel bleu. Je me dis qu’au moins, il ne pleut pas, c’est déjà ça. Au moment où je me dis ça, la bruine, cette connasse, commence. je traite mentalement le ciel. La bruine se transforme en petit crachin qui va défitivement faire foirer ma frange et imbiber juste ce qu’il faut mon manteau. Je traite le ciel à haute voix. Je choque la gardienne d’immeuble qui sort les poubelles.

#6 QLVFDLM : La dégaine du chien mouillé.

Voilà, j’ai traversé tout Paris sous une bruine de merde. Et j’ai à peu près autant de sexe appeal qu’un bichon avant séchage. Et je dois rejoindre Mademoiselle L. dans notre QG pour aller boire dîner. Et à notre QG, y’a un homme derrière le bar. 

*Oui, un barman si tu veux.*

Et nous avons pour habitude de nous installer au comptoir afin de profiter de la présence dudit barman. Barman qui n’est pas dégueu, tu l’auras bien compris. Et comment dire heuuu... Ok, je ne suis pas vraiment une vraie fille à proprement parler, mais quand même. Une espèce d’instinct de survie de princesse m’empêche de me montrer sous mon jour «architecte bichon frisé mouillé qui a passé sa journée sur un chantier» devant Barman. Comprends-moi bien, il ne s’agit pas forcément de lui mettre le grappin dessus à ce barman. Comme la plupart des barmen, ce qui l’intéresse surtout dans ces visages qu’il voit derrière le comptoir, c’est le reflet de sa propre personne. Donc, appelle ça comme tu veux, de la coquetterie, du sauvage de l’honneur de représenter la race féminine parisienne qui ne peut pas se montrer en public en mode bichon frisé. Il y a bien des jours où je m’en fous, mais pas aujourd’hui. J’y crois à mort, il faut que j’arrive à finir cette journée de merde par une petite victoire personnelle.

TOUT CA pour dire que je repasse par chez moi en prévenant ma partenaire de comptoir que j’aurai 32 minutes de retard. Je re-re monte mes putains de 6 étages. slalomme entre le chat, les 5 paires de chaussures pas rangées dans l’entrée, la poubelle à sortir et le porte-manteau. Je saute dans la doutche, me doutche, me sètche. Je me rhabille et passe à la phase maquillage. Pfffff... se maquiller un jour où la vie fait de la merde, la bonne idée du jour tiens. Car oui, forcément aujourd’hui, ce n’est même pas la peine d’esayer de se foutre de l’eye-liner parce que de toute façon, tu ne réussiras pas à le faire pareil des deux côtés. Et ton mascara, pareil. Il va te froutre plein de gros patés sur les paupières. Bon bon. Je lutte et arrive à quelque chose de simple et efficace (merci la génétique de m’avoir dotée d’un regard de husky, c’est déjà une vistoire sur le bichon mouillé). Puis les cheveux. A trente ans, tu commences à savoir que, un jour humide, laisse tomber le brushing et mise plutôt sur les tresses croisées façon Guertroudeu VonDerDicheu.

Et là, miracle. Y’a un être humain dans le miroir. Incroyable. Limite je ferais bien une petite danse de la victoire. PIF PAF POUF, je redescends, renfouche ma bécanne et zou ! 

*je ne reconnais plus personne en Harley Davidson, alllez hop on y va, en route pour l’aventure Tanananaaaaaa !*

#7 (et dernier) QLVFDLM : epic final fail.

J’arrive au bar, ma comparse est là, le vin, 2 verres et un tabouret libre n’attendent que moi pour jouir de la vue sur le barman.

*Je commence à croire que ma bonne étoile est revenue de vacances*

On boit, on papote, on rigole, on re boit, on mange, on blague avec le barman. Quand soudain, le voilà qui se plante face à nous avec un petite sourire miaouesque et se penche vers nous en nous disant :

- «Mais dites-moi les filles, vu que vous êtes des habituées maintenant, je peux vous poser une question ?
- huhu mais ouiiiiii Barman !
- Ca fait longtemps que vous êtes en couple ?»

*Je ne sais pas pourquoi, mentalement, j’ai eu l’impression de redevenir un bichon mouillé*

- «Heu... Pardon ???
- Bah ouais. Vous êtes bien en couple ?
- heu... non.
- ha...
- Mais enfin Barman ! d’où tu crois qu’on est en couple ? 
- Bah chaipas, vous venez toujours rien que toutes les deux, j’ai jamais vu l’une sans l’autre ni même l’une avec quelqu’un d’autre. Vous avez les même gestuelles à force de rester ensemble, on dirait vraiment un gentil petit couple, vous êtes chou. En plus, jamais l’une de vous ne matte autour. Même pas moi, c’est dire !»

Ok. OKAY. Donc depuis tous ce temps que je fatigue à essayer d’en savoir plus sur le mystérieux Barman genre subtile technique d’approche, en fait nan. Cette espèce de petite complicité légère et fort sympathique, c’était juste parce qu’on s’étaient faites lesbienne zonées par Barman. Je suis donc toujours complètement incompétente en ce qui concerne la drague. Mais heureusement, je suis vachement forte pour assumer le ridicule, vu la pratique que j’ai. Je songe déjà une petite répartie. C’est là que ma pote a sorti :

- «Nan mais en plus, laisse tomber, moi je ne tiendrais pas une semaine avec elle ! Déjà qu’elle n’est pas toute seule dans sa tête, en plus elle change d’homme de sa vie comme de chemise, j’ai du mal à suivre ! c’est pour ça que je la vois si souvent, pour les mises à jour !»

Donc voilà. Je suis passée de lesbienne en couple à une espèce d’overly attached Marie-couche-toi-là schizophrène. Je crois que c’est mort pour pécho le barman qui a simultanément haussé les sourcils en regardant vers le bas en essuyant un verre à pied déjà sec. J’ai lancé un regard garfieldesque à ma pote.

- «Bah quoi ? c’est drôle non ?!»

*TROP drôle. Tu vois pas là ? C’est ma tête de bichon mouillé mort de rire.*

Bon allez. Je rends les armes. Fais péter les kaïpis Barman. En plus d’être une overly attached Marie-Couche-toi-là shizophrène, ma pote a oublié de te dire que je suis alcoolique.


____over and out____.


jAne.

vendredi 15 novembre 2013

Avant, j'étais architecte #1 : je suis venue te dire que je m'en vais.


Chère Architecture,


Viens, assieds-toi, il faut qu'on parle. Enfin, il faut que je te parle. Je tiens avant toute chose à te rappeler une chose importante : tu as été et tu resteras une des plus belles choses de ma vie. je ne t'oublierai jamais et je sais bien tout ce que je te dois, tout ce que tu m'as apporté et qui fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Mais je préfère être franche avec toi, arracher d'un coup sec le sparadrap, couper court à tout suspense pour t'épargner le drama : je te quitte.

Et je ne te quitte pas n'importe comment : je vais te faire le coup du "c'est pas toi, c'est moi".

*Comment ça un coup de pute ? pas du tout ! moi aussi, à chaque fois qu'on m'a fait ça, je me disais que putain, quelle ramassis de bullshit ton blabla ! Mais en fait, je comprends maintenant.*

D'ailleurs tu vas rire, chère architecture, je te quitte aujourd'hui, mais ça ne veut pas dire que notre histoire est finie. Au fond de moi, je resterai toujours cette gamine de 6 ans qui construit des cabanes. C'est juste que je ne suis pas de taille face à toi et ta cruelle réalité. Je m'en rends bien compte à présent, après toutes ces années passées à tes côtés, après tout ce que j'ai fait pour toi, j'ai décidé de rendre les armes. J'y ai déjà laissé une hernie discale à 28 ans, je n'en donnerai pas plus.

Pourquoi me diras-tu ? Mais parce que , comme je te le disais, je suis toujours cette gamine de 6 ans. Et que, depuis les presque 7 années que nous partageons, je peux bien te l'avouer maintenant : j'ai eu une brève aventure qui m'a ouvert les yeux. C'était l'été, nous n'étions pas encore vraiment ensemble toi et moi, nous apprenions à peine à nous connaitre, ne m'en veut pas. On était censées être en "pause" Tu sais, ce court-métrage auquel j'ai participé et pour lequel j'ai imaginé et construit un petit décor ? Et bien ce tournage m'a apporté plus d'épanouissement personnel en un mois que toi en 7 ans. Je repense souvent à lui, j'ai même l'impression que nous avons partagé bien plus qu'une petite aventure estivale. Aujourd'hui encore après toutes ces années, il y a encore ce je ne sais quoi qui fait qu'il me comprend ; point n'est besoin de briser la glace, j'ai l'impression qu'en un clin d'œil on se retrouve. je suis vraiment désolée de t'annoncer ça si abruptement, mais toi non plus tu ne fais pas dans la finesse parfois. Donc voilà, c'est aussi simple que ça : je suis tombée amoureuse d'un te tes meilleurs amis.

Mais au fond, tu devais bien t'en douter un peu non ? Moi l'éternelle rêveuse, toi si réaliste. Tu ne peux plus ignorer maintenant à quel point toi et moi on s'est éloignées ? Au fond, si tu regardes bien, tu sauras que j'ai raison. Tu ne me fais plus rêver et moi, je ne sais plus faire semblant, je n'en peux plus de te décevoir comme ça. Et je sais bien ce que tu vas me dire : qu'un tien vaut mieux que deux tu l'auras, que lorsque je reviendrai vers toi tel un pénitent repenti en pleine épiphanie, tu te vengeras à coup de "je te l'avais dit, tant pis pour toi, va chier dans ta caisse bitch !". mais je dois essayer. Je ne me l'explique pas, et je sais bien que ce n'est pas juste pour toi mais je dois penser à moi avant tout car c'est de ma vie qu'il s'agit. Tu me connais mieux que personne, tu sais bien que je n'ai pas la tête sur les épaules. Que la règle de sécurité §2 de l'article O, j'en ai plein le dos.

*Oui, ok, en vrai j'en ai plein le cul. Ces petits riens du quotidien que tu ignores si facilement quand tu es amoureuse, je n'arrive plus à les digérer avec toi.*

Mais tu sais, faut pas croire hein, ce n'est pas facile pour moi de te dire tout ça. J'ai mis du temps à comprendre le couac. 4 mois exactement ça m'a pris ; à rassembler mes mots, choisir le bon moment, peser le pour et le contre, en parler à mes proches pour être sûre que ce n'est pas une stupide crise d'ado de la trentaine. J'ai très vite su que ça venait de moi mais j'ai eu du mal à oser envisager ce changement qui pourrait de nouveau ensoleiller ma vie. Tu sais ? le morceau de sucre qui aide la médecine à couler. Car, je dois te le reconnaitre : tu étais devenue tellement confortable. Avec toi, mon avenir était tout tracé, je voyais loin, ma vie filait bien tranquillement tout droit sur des rails. Les quelques imprévus qui m'attendaient au tournant, je pouvais déjà les anticiper, sûre que quoi qu'il arrive, j'aurais forcément la solution au problème. Seulement voilà : cette stabilité là m'effrayait bizarrement. Depuis que je m'étais liée à toi par un contrat à durée indéterminée, je ne trouvais plus le sommeil le soir, j'avais du mal à me regarder le matin dans le miroir. Pire : tous les prétextes étaient bons pour éviter de passer du temps avec toi comme faire le book de l'agence sur InDesign tard le soir au lieu de dîner en tête à tête avec toi sur Autocad. Je dois être un peu tarée de laisser tout ça sans doute. Et pour quoi ? De l'intermittence ? De nouveaux projets ? Le monde qui n'existe pas ? Cravacher comme une esclave à faire des heures impossibles pour la beauté du septième art ? Ne pas savoir de quoi demain sera fait ? Si ce putain de téléphone va se mettre à sonner un jour ? Toujours changer de chef et tomber la plupart du temps sur des artistes torturés ne sachant exprimer le fond de leur pensée avant de voir le résultat fini et constamment recommencer ?  Hum... ben ouais. mais en même temps, tu fais souvent pareil tu sais, sauf que tes maîtres d'ouvrages eux ont plus la fibre financière qu'artistique et que, sous couvert de s'en mettre plus dans les poches, on sacrifie la qualité à la rentabilité. Quelle ironie quand on sait que tu es censée durer toujours. Je ne vois pas ça comme du masochisme mais comme l'occasion d'essayer de faire ce pourquoi ma tête semble faite. De toute façon, quoi que je te dise, c'est trop soudain, tu ne comprendras pas tout de suite. Et dans quelque temps, tu te demanderas comment il a pu en être autrement crois-moi. Que finalement, c'était avec toi que je luttais.

Et puis ta lenteur aussi. Mon dieu, ta lenteur, je n'en peux plus. Cela faisait très exactement un an et huit mois que je travaillais sur le même projet qui, si tout allait bien verrait le jour au terme de trois années de travail. Trois putain d'années. On sait fabriquer un être humain en neuf mois bordel ! Je n'ai pas cette endurance moi.

Et de toute façon, arrêtons de nous leurrer, la différence fondamentale reste simplement là : comment puis-je construire pour ton monde réel alors que je passe mon temps à essayer de le fuir ? Si je réussis à subsister ici moi, c'est uniquement parce que je m'efforce d'oublier cet univers où tu règnes en maître. Ce que je veux moi, c'est concevoir des maisons pour les hobbits, designer le vaisseau spatial d'Anakin Skywalker, décorer le dortoir d'Hermione Granger ! Pour être complètement honnête, je kifferais cent fois plus avoir mon nom au générique d'un film que de le voir gravé sur la plaque d'un immeuble haussmannien. Désolée mais je ne te vois pas comme la mère de mes enfants.

Alors voilà, chère architecture, pourquoi je te quitte. Je reviendrai peut-être vers toi, un jour, si mon rêve ne se réalise pas. Et ce sera différent bien sûr. Et heureusement d'ailleurs parce que nous ne pourrions jamais reprendre là où nous nous sommes arrêtées. Mais je dois essayer au moins. Pour ne pas avoir ce "et si" qui me trotte dans la tête quand j'aurai 70ans. Je sais bien que ça sera dur (et donc forcément drôle), que je repars un peu de zéro, mais si je ne le fais pas maintenant, je le ferai quand hein ?

Aller, sans rancune. Et on reste amies hein ? Ca me ferait vraiment de la peine de ne plus avoir de tes nouvelles tu sais. Qui sait, on pourra même s'apporter un peu de réconfort toi et moi durant les longues soirées de l'hiver qui s'annonce ? Ce serait facile, on se connaît par coeur. Qui sait, ça pourrait même te faire du bien, t'aider à nous séparer en douceur... En souvenir du bon vieux temps ?

Avec toute mon affection,



____over and out____.

jAne.