lundi 27 octobre 2014

Bientôt sur ton écran !

Merveille du quotidien #15 : NonNon et sa deuxième première leçon de conduite.

Où l'on suit les aventures de jAne qui passe son permis de conduire pour de vrai cette fois. Et ce ne fut pas tous les jours facile... surtout pour le moniteur de l'auto-école. Là où je mimagine faire ça :





Dans la réalité ça a plutôt donné ça :








____over____.

jAne.

Avant, j'étais architecte #2 : un an plus tard.

Oui, virgule, je sais, virgule, je sais, point. 
Ça fait un nombre honteux de mois que je te laisse sans nouvelles, pardon.



*Non pas que tu t’inquiètes, hein, je le sais bien. Mais quand même, avoue, je te manquais un petit peu !*

Bon, alors, comment ça va depuis le temps ? Bien ou bien ? Parce que moi, ça va bien un truc de l’au-delà de ouf, je te raconte pas ! Je me décide à reprendre la plume de mon clavier pour un billet pas très drôle (mais t’inquiète, promis, ça va venir !). Pas très drôle dans le sens où je ne vais pas te raconter un épisode trop la honte, mais un épisode «  beaucoup trop de joie ». Donc si ce n’est pas ta came, attends le prochain parce que je vais te dégouliner de bonheur dessus pire qu’un cupcake au soleil, qu’une fin de Walt Disney, plus immonde que la plus rom-com de toutes les rom-com du cinéma américain. En un mot, je suis HEUREUSE. Pourquoi ? ben à ton avis…





….


…huhu… hein ? à ton avis ! … allez… devine…



Ben écoute, ce n’est pas à cause d’un mec. Pas à cause d’une fille. Pas à cause de ticket gagnant à l’Euromillions ou d’un voyage sous ecsta à Goa. 

Non point.

Si je suis en surkiffance de la vie, c’est à cause - ou plus grâce- à Moi.

Je ne sais pas si tu avais suivi un peu mais cela fait aujourd’hui un an tout pile que j’ai envoyé balader pas mal de choses dans ma vie. Notamment mon boulot ce qui, finalement, constituait il y a encore un an, une grosse partie de mes journées. 

Reprenons les choses dans l’ordre : il a y 10 ans, je débarque à Paris pour continuer des études d’architecture aps 4 ans détudes d’architecture intérieure. 

*plus c’est long, plus c’est bon ? … pas forcément.*

Après 5 années d’études et de boulot à temps partiel dans le milieu, me voilà diplômée architecte d’état (dans la douleur et les larmes). Encore une année et me voilà « HMONP » (terme barbare que Google te traduira). Encore 3 ans et pouf, je signe un CDI dans un cabinet en tant que chef de projet architecte junior. Consécration ultime en ces temps de crise, joie de la grand-mère de savoir que sa petite-fille a si bien réussi dans la capitale.

Oui mais voilà… Tu le sais très bien puisque tu suis assidûment mes aventures, l’architecture, je lui ai dit d’aller se faire voir ailleurs (gentiment hein)

Et après ? Et bien après, j’ai entrepris de changer de métier. Mais avant d’avoir  (spoiler alert) réussi à changer de métier, je vais t’expliquer quelques trucs à savoir…

truc #1 : de la chance d’être bien entourée.
Quand j’ai voulu démissionner, j’avoue, j’ai eu un peu la trouille. J’ai mis 6 mois avant de mettre le doigt dessus et encore 2 mois à en parler à mon boss et puis 3 mois avant de vider mon bureau. Et dans ce laps de temps, j’ai échangé moult fois mes doutes avec mes bien chers tous. Et vous savez quoi ? Pas un, je dis bien pas un, ne m’a répondu un vilain « pfff… arrête la crise d’ado jAne, à 30 ans c’est fini là, t’es en CDI c’est la crise, sois raisonnable ». 
Non point.
À la place, j’ai eu des « c’est marrant, ça te ressemble bien plus », des « Non mais écoute ma fille, tu préfères quoi ? des regrets à 65 ans et le sentiment d’avoir loupé ta vie ? Essaie, si ça ne marche pas, tu as toujours ton bagage d’architecte, si ça marche, tu seras heureuse. C’est pas si grave ça, non ? », ou encore « mais ouais putain, moi aussi j’en ai trop marre de tout donner à un boulot où t’as zéro épanouissement perso, quitte à galérer, autant que ce soit pour nous aider à nous épanouir merde ! Demain, je pose ma dem’! ». Et mon préfé « tu sais, avec ta mère, ça fait un moment quand même qu’on se disait qu’architecte, ça ne rimait pas bien avec jAne »…
Mes biens chers tous, un grand merci. Dans les moments de doutes (et il y en a eu moult), vous avez toujours été là pour m’encourager, me responsabiliser face à mon choix, mais surtout, m’aider à croire en moi.

*séquence émotion*

truc# 2 : annoncer à ton boss que tu vas démissionner, toi, celle qu’il présente comme son bras droit auprès des gros clients de la boite.
Et ben comme quoi, tout peut bien se passer. Parce qu’il l’a très bien compris mon boss, que j’en avais ras le casque de chantier de ce travail. Que les mêmes blagues devant la même machine à café, les mêmes phases de projet, les mêmes questionnements DÉBILES des clients, ce n’était pas pour moi. Il l’a tellement bien compris qu’il m’a même proposé une rupture conventionnelle parce que « je ne paye pas des charges pour rien, Dieu m’en est témoin, autant que ça te serve à toi, mon bras droit »

*oui, mon ancien boss est catholique et pas rancunier… séquence Djizeus he knows me, and he knows i’m right.*

truc #3 : se confronter à la réalité.

Confrontation financière : en tant que salariée, je touchais 2050€ net par mois, un rythme de travail à chier, certes, mais des récups et des congés payés. En tant que chômeuse, je vais toucher … 1450€ (les mois à 31 jours).
ha ouais… d’un coup, là, c’est pas la même vie. Je vais toucher 600 boules de moins tous les mois avec le même loyer, les mêmes impôts, les mêmes amis depuis longtemps dans la vie active…

*séquence goutte de sueur devant l’application de la Caisse d’Epargne*

Confrontation professionnelle : je vais repartir de zéro. Je vais redémarrer tout en bas de l’échelle et vais devoir faire mes preuves, avaler des couleuvres, découvrir des trucs que je ne sais pas faire. Je vais devoir convaincre des gens que oui, je suis trop motivée et sérieuse et cap’ de faire ça, regarde un peu comme il est trop beau mon book. Et quand je vais décrocher un job, je vais me retrouver au même niveau que des gens nés en 1990. EN MILLE NEUF CENT QUATRE VINGT PUTAIN DE DIX. Genre quand j’étais en terminale, ils étaient en CM2.

*séquence ride du lion*

Confrontation quotidienne : je vais être au chômage. Je vais faire partie de ces profiteurs de la société française, une de ces glandeuses payées à ne rien foutre. Je vais devoir déclarer chaque mois que je n’ai pas travaillé, et que je suis toujours à la recherche d’un emploi, siouplé donnez argent. Je vais cesser toute activité professionnelle. Genre je me lèverai le matin et je n’aurai nulle part où aller, mon téléphone pro va arrêter de sonner, ma boite email pro va être désactivée. Quand on me demandera en soirée « étoitufékoidanlavie? », je serai obligée de dire que bon, je suis en pleine réorientation professionnelle par ce que tu comprends… heu… ouais, je suis au chômage ouais… mais en fait je fais plein de trucs quand même… ha… il est parti…

*séquence petit chat mouillé dans une ruelle sombre*

Confrontation ultime : et si ça ne marchait pas ? Si tout ça, c’est juste une crise de trentenaire bidon ? Qu’est-ce que ce sera après cette nouvelle lubie? Rouleuse de cigares à Cuba ? MAIS N’IMPORTE QUOI JANE, PUTAIN, ÇA VA PAS OU QUOI ?! 
Alors ce qui est dinque avec la confrontation ultime, c’est que plus elle est violente, plus la réaction de mon moi-même du fort intérieure des tripes était calme. Un peu comme ça :
RHAAAAHHAAAA OUOZFVPH ÙOQHIBÙQ<v  PUTAIN ÇA NE MARCHERA JAMAIS, C’EST N’IMPORTE QUOI ARRÊTE DE RÊVER ON N’EST PAS DANS UN FILM PAUVRE CONNE COMMENT TU VAS FAIRE POUR PAYER TON LOYER, MAIS QU’EST CE QUI TE PRENDS BON SANG ? Ben écoute, il ne me prend rien, c’est comme ça, c’est tout, je vais devenir 3ème assistante déco puis 2ème puis 1ère puis chef.

Bim, mouchée la voix de la raison. Et même dans les pires moments de doutes, jamais, jamais je n’ai eu envie de reprendre l’archi. Pas une fois je suis imaginée redevenir architecte. Un espèce de sentiment venu de mes trippes n’y croyait pas quand je me disais que peut-être ça ne marcherait pas.

*séquence I gotta feeling, woohoo.*


truc #4 : se concentrer et mettre à plat pourquoi jAne, mais pourquoi tu veux changer ta petite vie MAIS PUTAIN RHAAAA C’EST LES SOLDES CHEZ MELLOW YELLOW

Parce que je ressens plus de joie en voyant mon nom sur le générique du court métrage auquel j’ai participé un été que sur le tampon de permis de construire de Mr et Mme PavillonEnBanlieuAvecSurrélévation.
Parce que du plus loin que je me souvienne, être architecte ne m’a jamais suffi, j’ai toujours eu besoin de « faire d’autres trucs à côté pour moi » : être guide à la cinémathèque, faire des ateliers avec des enfants au pavillon de l’arsenal, écrire des notes de blogs à pas d’heure à la veille d’une réunion de chantier à 7h en banlieue, bricoler des petites choses avec mes mains, dessiner le story-board du prochain court métrage du frère… Alors que tous mes potes archis, eux, ils n’ont besoin de rien d’autre que leur boulot…
Parce que à la minute où j’ai quitté le bureau, si mon téléphone pro sonne, je ne décroche pas MAIS PUTAIN C’EST BON QUOI ILS ME SOULENT AVEC LEUR GRÈS CÉRAME DE MERDE alors ma copine archi répond à des mails pro sans broncher alors qu’on est en Inde.
Parce que je n’en peux plus d’avoir cette nana aux yeux bleus qui me demande « et si tu essayais vraiment de devenir chef déco dans le cinéma avant qu’il ne soit trop tard ?» dans le miroir de ma salle de bain tous les matins.
Parce que voir la dalle du rez de chaussée enfin coulée, pardon mais ça ne me fait ni chaud ni froid.
Parce que putain, mon plus grand plaisir de la semaine, c’est le jeudi quand je vais voir un film toute seule, que la salle devient toute noire et qu’un film me met des étoiles dans les yeux.
Parce que j’en ai marre de me sentir coupable de demander à mon boss mon vendredi après-midi en récup de la semaine à 60h que j’ai faite quand on a rendu le permis de construire de Mr et Mme PavillonEnBanlieueAvecSurélévation.
Parce que si je n’essaie pas, je ne pourrai plus jamais regarder en face la nana aux yeux bleus qui me demande « et si tu essayais vraiment de devenir chef déco dans le cinéma » dans le miroir de ma salle de bain tous les matins.

Et ça, c'est hors de question.

Et puis après tout ça, malgré tout ça, je l’ai fait. J’ai signé une rupture conventionnelle, je suis allée au pôle emploi, j’ai signé là, là, et là, j’ai fourni les papiers, j’ai eu un nouveau numéro à retenir par cœur. Je ne ta raconte pas le poids que j’ai senti s’envoler de ma personne le jour où j’ai fait mon dernier trajet en partant du bureau.

*séquence 2001 odyssée de l’espace*

Et alors, comment ça marche la reconversion architecte -> 3ème assistante déco ? Comme ça :

Primo : choper des contacts.

Pour choper des contacts dans la déco de cinéma, tu as 2 options : tu prends les coordonnées sur l’ADC (Associations des chefs décorateurs de cinéma) ou bien tu demandes à ton frère qui est régisseur adjoint à Marseille d’éplucher toutes ses bibles de tournages et de te donner ses contacts. Tu l’auras compris, j’ai choisi la 2ème.

Deuxio : préparer tout document utile à l’explication du pourquoi je contacte.
Il y a une chose que je sais faire, c’est montrer ce que je sais faire et expliquer pourquoi je leur montre ce que je sais faire. J’ai donc mis à jour mon cv et mon book pour la énième fois.


Tertio : contacter les contacts.
Perso, j’ai une approche en 2 temps : 
- une première prise de contact par email avec une petite pièce jointe graphique et un petit paragraphe de 5 lignes écrit en 3 semaines et soumis à 8 correcteurs. 
*l’approche courtoise*
- autant de relances téléphoniques que nécessaires pour décrocher un entretien en vrai pour montrer mon book.
*l’approche c’est encore moi, je suis désolée mais tant que tu ne décrocheras pas, je continuerai à t’appeler merci bisous*

Quarto : ne pas perdre espoir.
Dans le cinéma, en tout cas dans la déco, ça se passe comme ça : si qqn a un bon feeling avec toi, il aura envie de te faire bosser. Et pas bon feeling, j’entends bon feeling genre « non mais tu sais, dans le cinéma, on est tous une grande famille, des vrais amis ». Ha. Mais c’est à dire que mon surnom à moi c’est la reine des glaces et que je ne suis pas là pour me faire amis mais pour travailler.
*séquence gros mots*
Mais bon, comme j’adore parler de moi et que mon book est trop djoli, ça fait diversion et mes premiers contacts sont en général assez bons. Bingo, à chaque fin d’entretien, je m’entends dire « ben écoute ouais, c’est pas mal du tout ça, je ne doute pas que tu sois tout à fait apte à être stagiaire, relance moi de temps en temps et si j’ai un taf qui tombe, je penserai à toi ! Allez bisous ! » 
Encore faut-il qu’il/elle ait du taf… et le taf, dans le cinéma, c’est un peu comme le pot de Philadelphia dans le frigo :  d’un seul coup t’as une envie furieuse de Philadelphia alors tu cours t’en acheter et tu en manges un peu; puis tu l’oublies; puis tu retombes dessus en soulevant le sac de salade verte qui commence à défraichir alors tu en remanges et tu te rends compte qu’il est moisi alors tu le jettes.
Et puis tu attends. Tu attends que ton téléphone sonne, tu attends que le chef que tu rappelles réponde, tu attends ce sms qui te dira si finalement oui ou non la prépa pour tel film va démarrer ou pas.
*séquence all by myself*
Et tu essaies de ne pas perdre espoir. Personnellement, j’ai tenu bon pendant 7 mois. Soit très exactement 9 mois après avoir cessé toute activité en tant qu’architecte.
*séquence toutes mes potes font des bébés, moi toujours pas mais je suis quand même en gestation et pardon mais c’est tout aussi épuisant*

Quinto : le jour du cri primaire.
Suite à un alignement astral, je reçois un nouveau contact de la part du frère, je contacte le contact, je rencontre le contact, le contact me dit « hé mais ouais, j’ai une prépa qui démarre sous peu genre d’ici 10 jours grand max bingo je t’embauche dès qu’on démarre », TRENTE jours après, je reçois ce texto à 9h41 : « Bonjour jAne, si tu es disponible, j’aurai besoin de toi à partir de mercredi prochain. Bonne journée. LeChefDécoParQuiToutACommencéQuiAuraMareconnaissanceEternelle. »

*séquence cri primaire *

J’aime autant te dire que le 30 mai 2014 restera à jamais gravé dans mes têtes. Je te promets, j’ai eu l’impression que mon petit cœur de pierre se  mettait d’un coup à rebattre. Comme une renaissance.

*séquence roi lion*

Et depuis ? 
Ben depuis, quand je trinque, je dis « santé, bonheur, et 507 heures ! ». Depuis, j’ai bossé sur 2 longs métrages, rencontré des tas de gens différents, appris un nombre incroyables de choses, je fais des journées de 10h avec une banane pas possible.  Même que depuis peu, on commence à parler de moi à untel et on me recommande pour machine qui cherchait un renfort déco, on me dit d’appeler bidule de la part de trucmuche. C’est comme ça le cinéma. Ca va très vite. Au démarrage comme à l’atterrissage…

*Séquence garder la tête froide*

Je n’ai pas arrêté de rencontrer de nouveaux décos, je n’ai pas arrêté de remettre mon book à jour, je n’ai pas arrêté d’attendre que mon téléphone sonne, je n’oublie pas que je ne suis encore qu’une troisième assistante déco parmi moult 3èmes assistant(e)s déco. Je n’ai aucune idée de qui je vais croiser demain devant la machine à café, aucune idée de l’époque à laquelle se passera l’histoire du prochain projet, aucune idée de si je peux partir en vacances avec toi dans 6 mois, aucune idée de combien de temps je vais pouvoir rester en vacances dans le sud chez mes parents. Je ne sais absolument pas si je vais rebosser un jour en tant que 3ème déco. Je ne sais pas si j’arriverai à avoir mes heures. 
Par contre, ce que sais, c’est que j’ai arrêté d’être architecte/guide/animatrice/blogueuse/bidouilleuse/déco pour aider le frère pendant les vacances et les weekends. 
Ça oui. 
Maintenant, je suis technicienne du cinéma. Maintenant, laisse-moi te dire que de savoir que des gens vont voir ce film sur lequel j’en ai chié avec l’équipe pour finir le montage du décor à temps et peut-être passer une bonne heure et demie, ben ça me fait bien plus kiffer que de savoir que Mr et Mme PavillonEnBanlieueAvecSurrélévation seront bien contents du grès cérame de la cuisine pour les 10 années à venir.

*séquence dernière scène de l’auberge espagnole*

Mais y’a une chose que je sais, c’est quoi répondre à la nana aux yeux bleus dans le miroir tous les matins : « If you can dream it, you can make it. »

*séquence ultime cheesy Walt Disney*





____over and out____.


jAne.

vendredi 14 février 2014

Rendez-vous en terre inconnue #1 : où j'envisage de me suicider aux quatre veines.


Voilà. C'est arrivé. Dans le cadre de ma rupture avec l'architecture et ma tentative d'intégrer le monde merveilleux du cinéma français, il ne manque qu'une corde à mon arc : le permis de conduire. Une chose en entrainant une autre, je décide (dans un moment d'égarement ?) d'aller le passer dans mon sud natal. Me voici donc de retour chez mes parents pour à peu près un gros mois.

*sic*

Alors voilà, je me disais, un mois, c'est rien. Pour tout un tas d'arguments, chuis sûre, ça va passer comme une lettre à la poste.

*Comme une lettre dans le sillon inter-fessier du facteur oui !*

J'écris ces lignes au moment du jour N°2 de mon exil. Et je peux d'ores et déjà t'annoncer ceci : ça va être le mois le plus long de 2014...

Je ne veux pas faire ma parichienne célibataire endurcie mais...

#1 : Aller au cinéma.  Alors déjà, moi et ma carte illimitée UGC MK2, on peut aller se rhabiller. Ici, Pathé règne en maître. En soit, ça ne serait pas si grave, je pourrais toujours y aller sauf que... chez Pathé, la VO, ils ne connaissent pas. Mais c'est pas grave : y'a un petit cinéma de quartier qui subsiste et diffuse des films en mode normal. Ouf ! Sauf que bon... je dois apprendre la patience : j'attends american hustle depuis des lustres, et il ne sort pas tout de suite au petit cinéma en question... Que j'aille voir les films actuellement à l'affiche de ce cinéma ? mais je les ai déjà vus voyons ! ils datent du mois dernier ! ERF...

#2 : c'est pas grave ! mes parents ont un truc formidable dans leur salon : une télévision. Et encore mieux : un abonnement canalsat !!! A moi les films de canalplus à la demande de ouf et tout !!! Mais là encore, je me cogne à un obstacle et pas des moindres : il est sur le canapé, il grogne et il s'agrippe à la télécommande pire que Rose à Jack dans Titanic. J'ai nommé : le Père. Et il grogne pour un oui pour un non : quand je tente de m'emparer de la télécommande pour changer de chaine alors qu'il dort (mais non, je me repose les yeux), quand je mets la VO du film alors qu'il dort (mais laisse la VF comme ça, j'ai pas besoin de regarder les images, juste j'écoute.), quand j'essaie de demander "qu'est-ce qu'il y a d'autre ? " on me répond "HaNONheinCeMoisCiC'estLeTournoiDesCinqNations!".
Bon, ben c'est pas grave, je vais me réfugier devant mes séries tranquille dans ma chambre !

*En essayant de faire taire en moi ce cruel sentiment de réminiscence à ces mots : bon ben moi, je vais dans ma chambre tellement je suis une incomprise par ce monde de merde, je vais aller parler avec les gens de dans ma tête, eux au moins ils me comprennent.*

#3 : Il y a quelques mois, suite à la défaillance généralisée de mon macbookpro, j'ai investi dans un iMac et un iPad. Fini les portables, je ne suis plus étudiante ! et comme le Père est bidouilleur d'ordinateur, je lui ai légué mon portable. Portable qui démarre encore de temps en temps et peut apparemment encore downloader mes séries préférées ! Ouf, sauvée, merci VLC streamer, je vais mater How I Met tranquille dans ma chambre ! sauf que non... Le macbookpro vient de mourir de façon définitivement permanente. Je vais donc devoir passer un mois sans série. UN MOIS.

*Tu la sens la chialance de l'extrême ? Je songe déjà à demander désespérément de l'aide à mes amis de la capitale au moyen de l'internet et de ma dropbox, ai tapé sur 50 liens de videostreaming sur google sans succès...*

#4 : Je suis en contact avec le monde réel par le biais de cette saloperie de télévision. Et je dis bien cette saloperie en toute conscience du terme. La télé, à Paris, je n'en ai pas. Parce que si je l'avais, je passerais un nombre d'heure beaucoup trop impressionnant à la regarder plutôt qu'à vivre.

*Mais n'est-ce pas le but de certaines chaînes de télé ? Nous donner l'impression de vivre quand nous zappons de l'une à l'autre ?*


Alors oui, je passe un nombre d'heures dingues à regarder des séries et au cinéma, mais ce n'est pas pareil. Je commence une série, je l'arrête quand je veux, je ne suis pas tentée de zappeur indéfiniment pour échouer devant la chaîne du tél-achat. Ici, la télé est reliée directement à la télécommande. Et la télécommande est reliée directement au bras du Père. Et en relation directe avec ce dernier, nous avons le cerveau et donc le libre arbitre du Père. Père qui le midi, pendant le déjeuner, met Canal+. Et à midi, y'a des infos. Et si il y a un truc que je ne regarde jamais, JAMAIS, c'est les infos. Certes, je me tiens vaguement au courant de ce qui se trame dans le vaste monde via un journal auquel je suis abonnée et mes parents. Mais pourquoi me diras-tu ? Je t'entends déjà crier ta déception, pleurer au scandale, renier mon nom ! Quoi jAne ? tu ne regardes pas les infos ? mais ça craint ! comment veux-tu faire partie de ce monde !

*Bon alors je vais te simplifier les choses : si tu me connaissais dans la vraie vie, tu saurais qu'en fait, je ne pense pas faire partie de ce monde 100% du temps. C'est d'ailleurs ce qui me sauve et me permet d'avoir une vie sociale à peu près normale.*

 Et figure toi que j'ai une très bonne raison de ne pas regarder les infos mais de les lire. J'en ai parlé longuement avec mon psychiatre : regarder les infos nuit gravement à ma santé mentale déjà douteuse. Je ne dis pas ça en rigolant et je développerai ce sujet plus tard mais déjà que je n'ai pas grand foi en l'espèce humaine, la voir étalée pendant mon déjeuner, y'a de quoi me saper le moral et l'appétit avec une pierre à ton arc.

#5 : Aller à la mer hors saison, c'est sympa, mais c'est crade. Ben oui : pendant la morte saison, pourquoi les services municipaux maintiendraient l'entretien de la plage ? Pour qui ? Y'a pas de touristes !

*Et d'ailleurs, j'ai toujours trouvé ça glauque comme terme "morte saison". Un peu comme pièce à vivre. Cela veut-il dire qu'il existe une pièce à mourir et une vivante saison ?*

#6 : Lorsque j'avais 15 ans, et parce que je voulais faire un bac STI arts appliqués et non un bac général, je suis partie à l'internat à Antibes. Et donc, si je compte bien, cela fait 16 ans que je n'habite plus vraiment chez mes parents. 16 ans que mes parents n'ont plus à supporter la présence de leurs filles. Enfin je veux dire de leur fille. 16 ans que je coupe le beurre comme j'aime bien qu'il soit coupé, que je range tout bien les trucs dans des boites sans rien qui dépasse, que je mets mes schampoo et les gels doutches dans des flacons pompes parce que les bouteilles ne sont jamais assorties entre elles et à ma salle de bain et qu'au moins, les flacons pompes carrés, ils s'alignent drôlement bien sur la plage de la baignoire. 16 ans que je regarde mes films en VO SANS SOUS TITRES sans que ça dérange qui que ce soit.

*Et je te vois venir hein, ce ne sont pas des TOCS mais juste des manies à la con.*

#7 : Ici, le temps se déploie d'une façon unique au monde. J'en veux pour exemple ce coup de fil que je dois passer au kiné du coin pour faire ma rééducation de l'épaule suite à ma tendinite. A Paris, j'aurais passé ce simple coup de fils entre le plat et le café pour ne pas perdre de temps et programmer au plus vite mes séances dans mon agenda de ministre. Ici, comme j'ai le temps, je procrastine ce coup de fil depuis 3 jours. 3 jours que je dis à la mère : Ha ben tiens ! j'ai encore oublié d'appeler le kiné aujourd'hui ! bah... demain, y'a une super émission de déco sur la chaîne maison +...

*Aujourd'hui peut-être, ou alors demain comme le chantait Fernandel*

Parce que j'ai tellement rien à faire de mes journées que bon, les remplir avec quelque chose, ça peut toujours attendre demain. Aujourd'hui je vais trier des trucs dans ma chambre pour pouvoir défaire ma valise. Oh ! chouette ! des vieux trucs que tu n'as pas vus depuis les années 90 ! c'est forcément plus intéressant que d'appeler un kiné ! Avoir le temps. C'est joli ça comme mots. Personnellement, j'ai toujours eu du mal à comprendre quand les gens trouvent que le temps passe vite ou lentement. Pour moi, le temps passe. une minute, c'est une minute ! Elle ne passera pas plus vite à vélo qu'en bus ! Mais je pense que je commence à comprendre le concept. Cela fait seulement 3 jours que je suis là et j'ai déjà l'impression d'avoir quitté Paris depuis une semaine. J'appelle mes potes en mode "alors ? quoi de neuf depuis le temps ? - Heu... on s'est vues y'a 4 jours au pied du Sacré-Coeur ma biche ! - Rholala, j'ai l'impression que ça fait une éternité..."

#8 : Communier avec la nature. Les petits mulots qui font du bruit dans le noisetier le soir quand tu vas fumer ta clope, (ces mêmes mulots que tu repêtches au petit matin noyés dans la piscine). Couper les bûches (à la tronçonneuse puis à la hatche) pour qu'elles rentrent dans le poêle à bois. Tailler le mimosa qui s'est fendu sous le poids de ses fleurs imbibées de toute cette putain de flotte qui nous tombe sur la gueule sans s'arrêter depuis 2 jours. Dire bonjour aux gens que tu croises dans la rue. Respirer de l'air marin. Voir des étoiles dans le ciel la nuit...

Enfin bref, tu vois un peu le tableau.

Je pourrais continuer comme ça encore longtemps, bien longtemps maintenant que je suis dans ce monde où les minutes se transforment en heures, mais je vais m'arrêter là parce que je n'ai qu'un mois (je l'espère) pour développer ces passionnants sujets qui, j'en suis sûre, vont m'emmener vers d'extraordinaires épisodes de ma future vie. Et donc tout autant de notes de blog. C'est ça où bien la lenteur de la vie aura eu raison de moi et j'en serai à me faire un signe de croix au moindre signe de technologie. Une chose est sûre, je ne t'épargnerai rien de mes moindres réflexions.

à bientôt, bisous !


____over and out____.

jAne.

mercredi 29 janvier 2014

Meveille du Quotidien #14 : Quand La Vie Fait De La Merde.

Hey mais salut ! la bonne année bien cher lecteur !

Comme tu dois t’en douter, me remettre à l’écriture assidue de notes de blog est une résolution que j’ai oubliée en 2013. Mais il y a peu, je l’ai retrouvée, alors bon, youpla boum.

Et pourquoi je l’avais perdue ? Et bien je ne sais pas trop à vrai dire. Je ne m’ennuie pas particulièrement en ce moment, mais c’est juste que je me suis tapé un blues de la note kiffante. Tu te rappelles l’histoire de l'épilation ? Cette note de blog a battu tous mes records de pages visitées. Cette note m’a tellement fait marrer. Alors après ça, je ne savais plus quoi écrire. Quel sujet aborder ? Retrouverai-je un jour ce ton si particulier qui m’habite lors de ces moments si précieux ?

*Ouais, on peut ne pas être écrivain et se taper une crise existensielle de l’écriture.*

Oui. je le retrouverai. Mais comme ce n’est pas tous les jours que je me fais épiler le frifri pour la première fois, autant assumer les jours où la vie fait de la merde. Ceux où ton corps fait du n’imp. Où ton esprit fait du caca.

Tu vois bien de quoi je parle hein ? Bon. Et comme, pour moi, le chemin menant à la note de blog au mojo de ouf passe par des best of, je suis sage et fais tout pour que ça ro-marche.

Voici donc après une introduction fort laborieuse, je te l’accorde, le best of de «quand la vie fait de la merde». Moments qui, une fois mis bout à bout peuvent devenir une journée cauchemardesque.

*Mais ne t’en fait point, les faits relatés ci-dessous ne me sont pas arrivés le même jour. Je donne suffisament de bon karma à mon étoile pour ne pas cumuler les combos désastreux.*

#1 QLVFDLM : bip bip bip fait le réveil, ronfle l’humain.

J’ai ouvert les yeux 4 minutes avant la sonnerie de mon réveil. J’ai traité mes yeux et me suis concentrée pour retrouver mon rêve et mon sommeil pour ces quatre putains de minutes de sommeil que je ne retrouverai jamais.

*JAMAIS*

Je me suis rendormie. Et là, ce fut le drame. Ne jamais, au grand JAMAIS lutter contre ton horloge interne. Parce que mon corps, ce gros bâtard, s’est dit : «Cool, on peut re dormir. Marcel, programme un nouveau cycle de sommeil, on relance la machine !». Même ton chat y croit et t’accompagne de son doux ronron.

Et là, que se passe-t-il ? Tu te réveilles 4 minutes après au son des infos de radio classique, te rendors, te re-réveilles à ta sonnerie de secours N°1 de ton téléphone, te re-rendors, te re-réveilles à ta sonnerie de secours N°2 de ton téléphone. Tu finis péniblement par t’extirper du lit après une demi-heure de lutte interne que tu as passée à calculer combien de temps tu peux gagner si tu ne te maquilles pas et que tu te fais un café à emporter et un croissant chopé à la boulange. Une demi-heure de stress à te réveiller en sursaut aux sonneries de rappel avec ce cri silencieux de ton cerveau «OH PUTAIN JANE, T’AS LOUPE TON REVEIL ! HA NAN C’EST BON, C’EST LA SONNERIE DE SECOURS!».

Bref, le meilleur moyen pour avoir ta tête profondément enfouie dans ton anus. C’est sa façon de te faire payer le doigt que tu as eu l’honneur de faire à ton horloge interne.

#2 QLVFDLM : J’ai oublié la batterie de mon vélo dans l’appart.

Tant bien que mal, Après avoir choisi de consacrer 5 minutes à assortir mes fringues entre elles plutôt que de foutre de l’anti-cernes.

*Ce qui est profondément débile : de toute façon, TOUTES mes fringues étant bleues, elle vont forcément être assorties, par contre mes cernes vertes, elles, jurent un peu avec mon teint gris*

Je sors de chez moi en enfilant mon manteau et mon sac.

*Mais putain, pourquoi ça ne passe pas ? ha... j’ai mis le sac avant le manteau...*

J’arrive dans ma cour d’immeuble, décroche mon vélo et mets la clefs dans le contact de la batterie.

Kling !

Comment ça Kling ? Pourquoi kling ? qu’est ce qu’elles foutent par terre mes clefs ? Ha. Merde. J’ai laissé ma batterie au bout du chargeur dans l’appart. OH PUTAIN MERDEUUUUUUH J’OUBLIE MA PUTAIN DE BATTERIE DANS L’APPART !

J’ai 8km à faire pour arriver au bureau, une réu en fin de matinée et la rue Saint Jacques à grimper, j’ai 30 ans, il est hors de question que je le fasse sans assistance électrique.

Mais le vrai drame, c’est que j’habite au 6ème étage. Sans putain d’ascenseur. Je regarde le ciel et traite mentalement ma bonne étoile.

Je regarde mon vélo, me résigne,  remonte, je prends ma batterie, je redescends. Je pue. Et merde, j’ai oublié de mettre du déo je crois bien.

#3 QLVFDLM : la phrase qui tue en réunion de chantier.

Tu es jeune. Tu es chargée du suivi de chantier et justement, c’est l’heure de la réunion avec les entreprises. Soyons clairs, étant une fille, il est souvent d’usage de subir un traitement «particulier» quand tu te trouves sur un chantier ou face à des BET. Et quand je dis «particulier», ça veut aussi bien dire en bien qu’en mal.

Et en l’occurence, sur ce chantier là, les entrepreneurs commençaient sérieusement à m’endormir. Genre c’est jamais de sa faute au pauvre petit. Et il commençait sérieusemenr à me les briser en commençant toutes les phrases par des «nan mais c’est parce que là...» quand je leur demandais pourquoi j’avais encore 32 réserves sur l’appartement N°15. Certes, je suis une fille mais mec, me la fait pas à l’envers, le carrelage de la salle d’eau, il aurait dû être fini la semaine dernière. Et je sais que la livraison s’est faite en temps et en heure et en bonne quantité, c’est moi qui l’ai passée pour pas que tu nous fasses croire que «nan mais tu comprends, c’est parce que là, c’est la faute au fournisseur»

*C’est DE la faute DU fournisseur*

Donc, arrivée à la fin de la visite, quand a commencé son énième «nan mais», j’ai pensé très fort :

*MAIS CA SUFFIT UN PEU AVEC TES «NAN MAIS» LÀ ! NAN MAIS TU NE VEUX PAS QUE JE TE TIENNE LA BITE AUSSI QUAND TU PISSES ? NAN MAIS PUTAIN !*

Un gros silence me fit lever les yeux de ma feuille de notes. L’entrepreneur me regardait avec des yeux écarquillés et l’ouvrier qui était à ses côtés avait la machoire inférieure au niveau des genoux.

- «Ben quoi ?
- Heu... Bien madame, on est désolés, on va finir le carrelage, ce soir promis c’est fait, je t’envoie la photo.
- Heu... ok»

*- Waou, mais qu’est qui vient de se passer là ? 
- Bah t’as pensé tout haut. 
- HEIN ? 
- Ben ouais. ta réflexion avec la bite, tu l’as pensée et dite à haute voix. 
- NON !
- Si. 
- Oh merde...*

Comme quoi une tête dans le cul et ton cerveau qui oublie de mettre ta boutche en mode mute, ça peut t’amener du bon. Je n’ai eu, par la suite, que de bonnes raisons pour expliquer ces putains de retards sur mon chantier.

#4 QLVFDLM : Le suicidé du métro.

Parle de lui même, pas la peine d’épiloguer, ça me fera 20 minutes de plus à regarder la vie sur un banc parisien en attendant que les quais de la 1 redeviennent praticables et 20 minutes de moins devant un écran d’ordinateur qui me donne ce si joli teint vert.

#5 QLVFDLM : La bruine de la fin de journée.

Me voilà enfin arrivée à la fin de ma journée de travail. Que dis-je ? de ma semaine ! ce fut dur, mais l’honneur est sauf et j’ai réussi à assurer un minimum. Je prends mon vélo pour rejoindre une copine pour un verre de vin bien mérité.
Parce que oui, les jours où la vie fait de la merde, c’est n’est pas que de ta faute complètement. Il faut bien que les éléments s’y mettent un peu sinon c’pas drôle. Et là, le ciel qui te promettait depuis ce matin une météo pas franchement youplaboum se décide juste quand tu sors à faire tomber un peu quelque chose. Pas de la vraie pluie non, ce serait trop simple d’être protégée avec ta cape à vélo. Non. Les jours où la vie fait de la merde, le ciel, y fait tomber des micro gouttes qui, parce qu’elles sont légères sont portées par les courants d’airs de la ville et font se foutre PAR DESSOUS ta caputche SUR tes lunettes / ta face. AKA la bruine. 

*Et bien sûr, ça te fait un espèce de masque de pollution parisienne sur ta face.*

Et ces jours là, bizarrement, je n’en peux plus de cette putain de bruine à la con qui me fait des frisottis. C’est toujours le même rituel : je lève la tête. Je constate que le ciel est uniformément blanc genre si tu prenais l’outil baguette madgique de photoshop, tu pourrais d’un coup sélectionner tout le blanc, le supprimer et le remplacer par du bleu. Je compte mentalement depuis combien de temps je n’ai pas vu un bout de ciel bleu. Je me dis qu’au moins, il ne pleut pas, c’est déjà ça. Au moment où je me dis ça, la bruine, cette connasse, commence. je traite mentalement le ciel. La bruine se transforme en petit crachin qui va défitivement faire foirer ma frange et imbiber juste ce qu’il faut mon manteau. Je traite le ciel à haute voix. Je choque la gardienne d’immeuble qui sort les poubelles.

#6 QLVFDLM : La dégaine du chien mouillé.

Voilà, j’ai traversé tout Paris sous une bruine de merde. Et j’ai à peu près autant de sexe appeal qu’un bichon avant séchage. Et je dois rejoindre Mademoiselle L. dans notre QG pour aller boire dîner. Et à notre QG, y’a un homme derrière le bar. 

*Oui, un barman si tu veux.*

Et nous avons pour habitude de nous installer au comptoir afin de profiter de la présence dudit barman. Barman qui n’est pas dégueu, tu l’auras bien compris. Et comment dire heuuu... Ok, je ne suis pas vraiment une vraie fille à proprement parler, mais quand même. Une espèce d’instinct de survie de princesse m’empêche de me montrer sous mon jour «architecte bichon frisé mouillé qui a passé sa journée sur un chantier» devant Barman. Comprends-moi bien, il ne s’agit pas forcément de lui mettre le grappin dessus à ce barman. Comme la plupart des barmen, ce qui l’intéresse surtout dans ces visages qu’il voit derrière le comptoir, c’est le reflet de sa propre personne. Donc, appelle ça comme tu veux, de la coquetterie, du sauvage de l’honneur de représenter la race féminine parisienne qui ne peut pas se montrer en public en mode bichon frisé. Il y a bien des jours où je m’en fous, mais pas aujourd’hui. J’y crois à mort, il faut que j’arrive à finir cette journée de merde par une petite victoire personnelle.

TOUT CA pour dire que je repasse par chez moi en prévenant ma partenaire de comptoir que j’aurai 32 minutes de retard. Je re-re monte mes putains de 6 étages. slalomme entre le chat, les 5 paires de chaussures pas rangées dans l’entrée, la poubelle à sortir et le porte-manteau. Je saute dans la doutche, me doutche, me sètche. Je me rhabille et passe à la phase maquillage. Pfffff... se maquiller un jour où la vie fait de la merde, la bonne idée du jour tiens. Car oui, forcément aujourd’hui, ce n’est même pas la peine d’esayer de se foutre de l’eye-liner parce que de toute façon, tu ne réussiras pas à le faire pareil des deux côtés. Et ton mascara, pareil. Il va te froutre plein de gros patés sur les paupières. Bon bon. Je lutte et arrive à quelque chose de simple et efficace (merci la génétique de m’avoir dotée d’un regard de husky, c’est déjà une vistoire sur le bichon mouillé). Puis les cheveux. A trente ans, tu commences à savoir que, un jour humide, laisse tomber le brushing et mise plutôt sur les tresses croisées façon Guertroudeu VonDerDicheu.

Et là, miracle. Y’a un être humain dans le miroir. Incroyable. Limite je ferais bien une petite danse de la victoire. PIF PAF POUF, je redescends, renfouche ma bécanne et zou ! 

*je ne reconnais plus personne en Harley Davidson, alllez hop on y va, en route pour l’aventure Tanananaaaaaa !*

#7 (et dernier) QLVFDLM : epic final fail.

J’arrive au bar, ma comparse est là, le vin, 2 verres et un tabouret libre n’attendent que moi pour jouir de la vue sur le barman.

*Je commence à croire que ma bonne étoile est revenue de vacances*

On boit, on papote, on rigole, on re boit, on mange, on blague avec le barman. Quand soudain, le voilà qui se plante face à nous avec un petite sourire miaouesque et se penche vers nous en nous disant :

- «Mais dites-moi les filles, vu que vous êtes des habituées maintenant, je peux vous poser une question ?
- huhu mais ouiiiiii Barman !
- Ca fait longtemps que vous êtes en couple ?»

*Je ne sais pas pourquoi, mentalement, j’ai eu l’impression de redevenir un bichon mouillé*

- «Heu... Pardon ???
- Bah ouais. Vous êtes bien en couple ?
- heu... non.
- ha...
- Mais enfin Barman ! d’où tu crois qu’on est en couple ? 
- Bah chaipas, vous venez toujours rien que toutes les deux, j’ai jamais vu l’une sans l’autre ni même l’une avec quelqu’un d’autre. Vous avez les même gestuelles à force de rester ensemble, on dirait vraiment un gentil petit couple, vous êtes chou. En plus, jamais l’une de vous ne matte autour. Même pas moi, c’est dire !»

Ok. OKAY. Donc depuis tous ce temps que je fatigue à essayer d’en savoir plus sur le mystérieux Barman genre subtile technique d’approche, en fait nan. Cette espèce de petite complicité légère et fort sympathique, c’était juste parce qu’on s’étaient faites lesbienne zonées par Barman. Je suis donc toujours complètement incompétente en ce qui concerne la drague. Mais heureusement, je suis vachement forte pour assumer le ridicule, vu la pratique que j’ai. Je songe déjà une petite répartie. C’est là que ma pote a sorti :

- «Nan mais en plus, laisse tomber, moi je ne tiendrais pas une semaine avec elle ! Déjà qu’elle n’est pas toute seule dans sa tête, en plus elle change d’homme de sa vie comme de chemise, j’ai du mal à suivre ! c’est pour ça que je la vois si souvent, pour les mises à jour !»

Donc voilà. Je suis passée de lesbienne en couple à une espèce d’overly attached Marie-couche-toi-là schizophrène. Je crois que c’est mort pour pécho le barman qui a simultanément haussé les sourcils en regardant vers le bas en essuyant un verre à pied déjà sec. J’ai lancé un regard garfieldesque à ma pote.

- «Bah quoi ? c’est drôle non ?!»

*TROP drôle. Tu vois pas là ? C’est ma tête de bichon mouillé mort de rire.*

Bon allez. Je rends les armes. Fais péter les kaïpis Barman. En plus d’être une overly attached Marie-Couche-toi-là shizophrène, ma pote a oublié de te dire que je suis alcoolique.


____over and out____.


jAne.

vendredi 24 janvier 2014

Bientôt sur ton écran !

Hapinou yeaaaaaaaaaaaaaaaaaaah Bien Cher Lecteur !!!

Toujours aussi ponctuelle je suis t'as vu ? Se faire attendre, c'est se faire désirer mon cher.

Et voilà ta patience récompensée. Bientôt, oh oui Bientôt sur ton écran :

Merveille du Quotidien #14 : Quand La Vie Fait De La Merde.

Et une fois n'est pas coutume, en lieu et place d'un lien vers un extrait visuel, je te mets un lien vers un extrait visuel mais surtout musical. Cette chanson que j'aime tant est systématiquement dans la tête quand ma bonne étoile est en pause syndicale,et ne peut empêcher la vie de faire de la merde. Donc autant te dire assez souvent (mais pas trop), sinon ce que je raconterais sur ce blog ressemblerait dangereusement au scénario d'un Walt Disney.

Bisous !

____over____.

jAne.

 

vendredi 13 décembre 2013

Jean-Paul, il avait trop raison de sa mère #4 : Dans Paris, à vélo, on dépasseuh les autos //part 1//

Comme tu le sais déjà, étant un lecteur assidu de ma prose, je me déplace quasiment exclusivement à vélo. Sauf quand je prends le bus parce que j’ai la flemme ou que c’est le weekend. Et j’habite à Paris. Après environ 4 ans à essayer de lutter contre les crises d’angoisse métropolitaines, j’ai décidé de façon unilatérale que j’avais bien le droit de m’adoucir la vie en évitant les horreurs que seul un détenteur de pass navigo peut connaître. Et après environ 3 ans à essayer de me faire régulièrement la rue de Ménilmontant, de Crimée ou encore celle du faubourg Saint Jacques en Jeannette*, j’ai décidé de façon latérale et unanime de m’adoucir la vie en acquérant un vélo électrique pour mes 30 ans.

*Parce que bon. ça va un moment d’arriver en sueur au bureau / à une date. Après, tu en as juste marre de stresser toute la journée / soirée parce que ton déo anti traces blanche t’a lâchée*.

Ce qui nous amène donc à aujourd’hui. Aujourd’hui, je peux donc fièrement tordre le coup à cette idée reçue qui veut qu’à Paris PutainDeVilleDeL’Amour de mes deux, faire du vélo, c’est aussi génial que dans un clip de Taylor Swift.

*Mais si, tape «begin again taylor swift » dans youtube et paye tes clichés parisiens…*

Voici donc ce que j’appellerais en toute classe le :

TOP 10 DES « JE T’EN FOUTRAIS MOI DU VÉLO À PARIS QUI DÉPASSE CES ENCULÉS DE TAXIS. ». Plus comunément appelé le JTFMDVAPQDCEDT.


*Ou pas…*


#1 : Dégage / va chier / vas-y / putain de / … Connasse / pétasse / salope / pauv’ conne / sale pute.

Depuis que je me déplace à vélo, c’est impressionnant comment j’ai appris les bonnes intonations pour traiter les filles. Et si j’en crois les gentils mots doux qu’on me donne quand je me balade à vélo cheveux aux vents telle Taylor, je suis la pire des trainées que cette terre ait jamais portée.

*Vraiment, je te promets, Marie madeleine à côté, c’est une petite joueuse.*

L’important, c’est de bien appuyer sur les « p » et de faire siffler les « u » et les « tasses ». 

*Le combo ultime étant putasse.*

Et il faut savoir une chose quand tu es à vélo, tu n’es jamais à ta place. JAMAIS. même quand, en fait, tu ne peux pas être plus au taquet du respect du code de la piste cyclable. J’en veux pour preuve ces 2 témoignages : 

Boulevard de Ménilmontant, au niveau du Père Lachaise, extérieur jour :

Je suis sur ma piste cyclable, une caillera taille le bout de gras de jambon avec une autre caillera. Je suis à 10m, à vive allure, donc je dringue gentiment de la sonnette. Aucun mouvement desdits personnages. Je re dringue en insistant. Re rien. Je dringue frénéniquement en m’écriant de ma petite voix de fille « pardonnnn s’il vous plaiiiiiit ». Re re rien. Je m’arrête et dit « je voudrais passer s’il vous plait ». Les racailles soudain s’aperçoivent qu’il y a des humains sur cette planète. Ils réalisent que cet humain est équipé d’une teucha et s’exclament alors : « Va chier salope » en faisant un demi pas vers le trottoir. Bon Bon. C’est donc à ce moment que mon autre moi s’empare de mon cerveau, donne un grand coup de pétale avec un coup fourbe de guidon en s’écriant « SUCE MA BITE CONNARD ! ».

*Ben quoi ? il a eu sa chance plein de fois. Il peut aller se faire voir chez les grecs de ma part.*

Pont juste devant le théâtre du Châtelet, extérieur tombée de la nuit:

Je suis arrêtée au feu, un peu à droite du milieu de la voie parce qu’après je tourne en face à droite mais complètement à droite, sur le quai. Alors je reste un peu au milieu pour ne pas que la voiture qui arrive derrière se mette à ma hauteur au feu, me coupe la route, créant un arrêt brusque suivi d’un démarrage laborieux de ma part qui pourrait faire que la voiture de derrière derrière me rentre dedans ne m’ayant pas vue à cause du connard de devant lui derrière moi.

*c’est technique le vélo.*

La voiture s’arrête derrière moi mais joue de l’accélérateur pour me faire comprendre qu’elle est au taquet de la pastille valda. Le feu passe au vert. A la même fraction de seconde et avec une insistance à vous crever les tympans, son klaxon retentit. De façon continue. Mais genre sans aucune interruption.

* Au cas où j’aurais pas compris que cette lumière située à 1m à tout casser des mes jolis yeux est passée du rouge au vert, on sait jamais, ça peut m’échapper.*

S’il y a bien un truc qui me fait serrer du cerveau après une journée de boulot, c’est quand la voiture derrière moi klaxonne comme une tarée pour me presser. Et j’avais bien anticipé : au feu, je me suis retournée pour checker le /la conducteur/trice. Pas de personne en train de mourir à la place du mort, pas de gyrophare en lousedé sur le tableau de bord. Juste un homme d’une cinquantaine d’années en chemise/cravate/veste de costume plus connu sous le nom de « connard ». Et quand le connard s’est mis à me klaxonner et me taper de façon imperceptible la roue arrière pour me faire avancer, mon autre moi s’est encore emparé de mon cerveau. J’étais prête à démarrer, le pied droit sur la pédale à peu près en haut mais pas trop. J’ai enlevé mon pied et me suis retournée. Et pendant ces secondes interminables, le connard n’avait pas laché son klaxon. Il m’a dit à travers son pare brise « Dégage pauv’ conne ! ». Je. N’ai. Pas. Bougé. D’un. Yota. En le regardant avec un petit sourire. Je lui ai dit « Tu peux klaxonner tout ce que tu veux connard, tant que tu m’en fais voir plein les tympans, je ne bougerai pas ». Mais comme il ne m’entendait pas, je lui ai aussi parlé en langage des signes. Avec mon majeur. 
Je me suis retournée vers le feu qui était toujours au vert, mais pas pour très longtemps. Le klaxon s’est arrêté. J’ai immédiatement démarré. L’histoire s’arrête là : il tournait à droite sur le quai et moi j’ai continué en face à droite mais pas complètement.

Des histoires comme ça, j’en ai cinquante mais je ne te les dirai pas toutes sinon ça va être trop long…

*Tidadiladaaaaaaa à Paris, à vélo, on déppasseulézotooooooos…*


#2 : La piste Gérard Majax.
Comme les rues à Paris ont des noms, moi et les gens de dans ma tête, on s’est amusés à rebaptiser les pistes cyclables avec des noms à elles parce que y’a pas que ces connards d’autolibilistes qui ont droit à des noms de rue carrossable. Et ma préférée, c’est la piste Gérard Majax. (NDLR : Dans ma tête, Gérard est le pro de la disparition / réapparition.)

*C’est aussi le surnom de l’enfoiré qui ne te rappelle jamais sauf quand il a besoin de… heu… d’un tire-bouchon.*

Et la piste Gérard Majax la plus flagrante à ma connaissance, elle est sur le canal Saint Martin, au niveau de la rue du Faubourg du Temple. La piste cyclable au niveau de la rue du Faubourg du Temple, à un moment donné, y’a des gens qui se sont penchés sur la question. Ils ont réfléchi hein les gens, chuis même à peu près sûre que ça devait être des ingénieurs en piste cyclable. Et ma main à trancher que ça s’est passé comme ça dans le bureau de l’ingénierie de la piste cyclable :

-«  Hè Michel, on fait comment là pour la piste du Canal Saint Martin ?
- Ha ben c’est simple Bernard, regarde : là on la met sur la droite des 2 voies et au feu là, juste après le croisement, on la fait passer à gauche.
- Ouais mais comment ils font du coup les cyclistes ?
- Ben ils traversent les 2 voies des voitures en sortant la main gauche pour que les automobilistes les voient se déporter à gauche !
- Ha ouais je sais, et on va même carrément mettre les dessins rigolos de vélos avec des flèches en travers de la route !
- Ha ouais ! génial ! Et puis comme ça, les automobilistes, ils verront ça plus la main et c’est sûr, ils les laisseront traverser les cyclistes ! »

*Hi Five !*

Mais oui ! Ils ont trop raison Michel et Bernard : moi, dès que je lève mon petit doigt, je te raconte pas comment les voitures, les bus, les camionnettes et les taxis ils me laissent grave passer ! y’en a même un qui est descendu de sa caisse pour mettre un tapis rouge devant moi ! 
Non.
Donc tu l’auras compris, c’est trop la merde. 

*Quand je ne me rappelle plus très bien certains moment de ma vie, j’aime bien aller là-bas. J’ai toujours adoré regarder ma vie défiler devant mes yeux.*

 Mais heureusement, après un temps de pratique, ils se sont bien rendu compte que c’était merdique comme système, Michel et Bernard. Alors du coup ils ont re réfléchi et ont encore plus amélioré leur système de ouf :

-«  Hè Bernard, t’as vu, c’est un peu la merde là sur le canal. Y’a plein de cyclistes qui se plaignent, y disent que les automobilistes c’est que des méchants qui font que les empêcher de passer ! du coup ils ne se retrouvent jamais au bon endroit après le feu ça craint ! Y’en a même qu’auraient vu Lamor en face !
- En face de quoi ?
_ Ben je sais pas. Ptêt en face, sur la piste cyclable de gauche après le feu des voitures ?
- Mais oui je sais Michel ! le feu en face ! tu es un génie : on va rajouter un feu pour les vélos !
- Ha ouaiiiiiiiis graaaaaaaaave ! et en fait, quand le feu des voitures passe au rouge, celui des vélos passe au vert pour qu’il passent devant les voitures se mettre à gauche pour être en face de la piste cyclable d’après le feu !
- Mais tu as tout compris Bernard ! Même qu’on va mettre des pointillés pour que les voitures s’arrêtent à 2m du feu comme ça, les vélos, s'ils sont plusieurs, ils auront la place de se ranger.
- Voilà oui C’EST ÇA ! Et bien sûr, le feu des vélos y reste rouge tant que celui des voitures est vert !
- Bien sûr ! »


*Hi Five !*


Gé. Nial. Vraiment, ce système a révolutionné ma vie. Donc maintenant, au lieu de risquer bêtement ma vie à essayer de me déporter vers la gauche en traversant devant des taxis véners ou des camionettes démoniaques, c’est beaucoup plus simple : J’arrive au feu, j’attends (30 minutes) que MON feu crache sa putain de valda. Là, j’ai 2 secondes 47 pour traverser avec les piétons parce que bien sûr toutes les voitures de merde et le bus de 4 étages qui ne fait pas du tout peur se sont tous bien gentiment alignés derrière les SUPER pointillés. Puis là, c’est bon, tout le monde démarre et je ne me fais jamais claxonner parce que comme j’ai pas la place de me mettre d’équerre, je suis en travers devant cette PUTAIN DE VOLVO DE MERDE QUI N’A PAS RESPECTÉ LES PUTAINS DE POINTILLÉS de Bernard et Michel.

Mais restons calmes. Merci Michel et Bernard pour votre génie. Hi putain de Five les gars !

*Tidadiladaaaaaaa à Paris, à vélo, on déppasseulézotooooooos…*


#3 : La camionnette diabolique.

Quand tu fais du vélo à Paris, tu apprends assez rapidement à identifier les prédateurs naturels du cycliste. Et il en va de ta survie d’apprendre, sur le tas, les parades essentielles à la préservation de notre espèce en voie d’expansion.

Le pire ennemi pour moi, ce sont les camionnettes. Ces putains de camionnettes, que ça soit les blanches des entrepreneurs, les jaunes de la poste, les marron foncé d’UPS, sont là pour une seule et unique raison : te mettre en situation de mort potentiellement prochaine.
Elles sont plus grosses et plus hautes que les voitures. Et pour cela, leur conducteurs pensent qu’ils ont la priorité. Sur tout. Sur le démarrage « dégage de là » ; sur le « je déboîte sans cligno de toute façon je suis le plus gros, on me fera de la place » ; sur le « m’en fous que ça soit une rue à double sens voiture / cycliste, je passe et le vélo se fout un peu où il veut, moi je ne sentirai rien ». 
Mais surtout, surtout sur le « nan mais je m’en fous, j’ai mis les warnings et j’ai mon panneau livraison, je peux me garer sur la piste cyclable ». 
ERF. 
J’habite dans une rue en sens unique mais qui a une piste cyclable en contre sens. Une vraie piste cyclable avec un petit boudin censé nous protéger des voitures qui arrivent en face, pas juste un logo vélo avec des flèches le long des places de staitonnement. C’est une rue avec plein de bars, restaurants et immeubles. Et donc, des livraisons à gogo. Et bingo, quasiment tous les jours, quand je remonte ma rue sur ma piste, je dois à un moment ou à un autre me déporter sur la voie carrossable parce qu’une putain de camionnette me barre la route. Parce que forcément, les camionnettes, elles ont des roues assez grandes pour passer par dessus le petit boudin sans racler le dessous.
Donc là j’ai 2 solutions : soit je chècke s’il n’y pas de voiture qui arrive en face et je trace, soit je descends de mon vélo et je marche sur le tottoir quand il reste de la place. Donc j’ai généralement 3 résultats : 1, tout va bien. 2, je me fais klaxonner par une voiture qui arrive à donf et qui n’a pas envie de ralentir ; 3, je me fais traiter par un piéton qui arrive à contre sens et qui trouve ça « insupportable ces vélos sur le trottoir alors qu’ils ont une piste cyclable juste à côté ».

*Non mais vraiment ? c’est moi la relou là ? TU LA VOIS PAS LA PUTAIN DE CAMIONNETTE JAUNE POUSSIN DE LA POSTE SUR LAQUELLE TU T’APPUIES LE TEMPS DE ME LAISSER PASSER ? VRAIMENT ?*

Je me retrouve aussi parfois à jouer au jeu du suspense. Tu sais ? celui où tu vois une voiture arriver au loin mais que, vu comment tu es lancée et vu comme le boudin de la piste cyclable s’arrête pile là, et là, si tu serres les fesses, ça passe. C’est histoire de dé dramatiser un peu, je me mets alors à fredonner le générique de « mission impossible » ; ou bien je parie avec les gens dans ma tête combien de temps l’automobiliste qui arrive va mettre avant de klaxonner.

Parce que non. Jamais personne ne compatira parce qu’une putain de camionnette n’a rien à faire au milieu de là où tu es censée te trouver pour ne faire chier personne. Sérieusement. Les camionnettes, c’est les sales gosses de la cour de récré qui traumatisent tout le monde et contre qui jamais personne n’ose se rebeller. JA-MAIS. Sauf moi. Quand par hasard je vois le conducteur de la camionnette courir vers son engin diabloque pour faire genre « je me remue un peu mes abdos kro », je m’arrange toujours pour communiquer avec eux le fond de ma pensée. De façon universelle pour être sûre que, même si on n’a pas l’air  de parler la même langue, on peut se comprendre : regarde bien. Tu vois ça ? c’est mon majeur. Il est beau hein ?

*Tidadiladaaaaaaa à Paris, à vélo, on déppasseulézotooooooos…*

____to be continued____

jAne.


* : Jeannette, c’est le nom de mon ancien vélo qui a pris une retraite bien méritée chez mes parents dans le sud. C’est un Peugeot pliant des années 60 bleu tout petit modèle and 3 vitesses. Sauf qu’en fait, comme elle est vieille, c’est toujours coincé sur la vitesse dure.